La soucca : un accès au Divin
La Guémara Soucca (11b) rapporte une discussion entre les Sages sur le sens de la soucca.
La Torah écrit : « Afin que vos générations sachent que j’ai fait résider les bné Israël dans des souccot à leur sortie d’Egypte. »
Mais de quelles souccot parle-t-on ? Rabbi Eliezer dit qu’il s’agit des anané kavod, les nuées de gloire qui accompagnaient le am Israël durant leurs pérégrinations dans le désert.
Rabbi Akiva quant à lui dit qu’il s’agit des cabanes telles que nous les connaissons aujourd’hui.
Cette discussion n’est évidemment pas à prendre au premier degré car Rabbi Eliezer admet lui aussi que Souccot est la fête des cabanes !
De toute évidence, les Sages sont d’accord sur un point : la soucca constitue une protection pour le am Israël, soit par les nuées de gloire, soit par les souccot, les cabanes.
Essayons de comprendre la discussion entre Rabbi Akiva et Rabbi Eliezer.
Le mot « soucca » revêt 2 sens : d’une part, il désigne une protection par rapport à l’environnement, protection de la pluie, de la chaleur, de la lumière etc., mais il désigne également une visibilité éclatante permettant d’accéder à une réalité authentique, à une véritable intériorité de toute chose.
Comme le rapporte Rabbénou Bé’hayé, chaque mitsva de la Torah comporte un coté révélé, le « niglé » et un coté dissimulé, mystique, le « nistar ».
Les souccot, dans leur sens révélé, le pshat, sont les cabanes qui ont abrité le peuple juif dans le désert mais dans leur intériorité, elles sont aussi les 7 nuées de gloire, les anané kavod qui accompagnaient le am Israël tout au long de leurs déplacements.
Ces nuées entouraient le Trône Céleste, le Kissé Hakavod, et étaient ouvertes pour recevoir la téfila et la téchouva des bné Israël.
Quelle est la particularité du anan, du nuage ?
Le anan masque le soleil, il le cache, empêchant ses rayons de se propager vers la terre, il se comporte comme un véritable filtre. Mais les Sages affirment également qu’il est un révélateur de la lumière divine au même titre que les anané kavod !
Qu’en est-il alors ? Est-il un révélateur ou un dissimulateur de lumière ?
Il n’y a en réalité aucune contradiction car la lumière de ce monde ci qui émane du soleil et des astres n’est qu’une falsification de la lumière authentique, éternelle, le Or Haganouz, cette lumière créée lors du maassé béréchit et qui a été mise en réserve pour les tsadikim pour les temps à venir.
Cette lumière falsifiée dissimule la réalité première et ne permet pas d’accéder à la vérité divine.
Plus on se protégera de cette lumière en provenance du soleil, plus on pourra percevoir le Or Haganouz. Ainsi, le anan, c’est finalement la possibilité d’une vision beaucoup plus profonde, plus juste, permettant un accès au divin.
La discussion entre Rabbi Akiva et Rabbi Eliezer prend dès lors toute sa signification.
Lorsque Rabbi Akiva affirme que les souccot sont des cabanes, il tient à nous signifier que pour se rapprocher de D.ieu, il faut avant tout mettre une barrière, la soucca, qui va s’interposer et filtrer cette lumière contrefaite du rayonnement solaire et qui empêche toute perception authentique de la réalité et tout contact avec le divin.
Un juif qui entre dans la soucca se donne les moyens de se lier à D.ieu
Pour Rabbi Eliezer, la soucca dont nous parle la Torah est un anan, une nuée de gloire identique à celle qui existait dans le désert.
Ce anan masque lui aussi le rayonnement du soleil mais plus encore, il crée la possibilité pour l’homme, au sein même de notre monde matériel, de révéler la « Ché’hina », la Présence Divine !