Dans la paracha de Térouma, la Torah nous parle de la construction du Michkane, et des dons fait par les Bné Israël à cette occasion. Ceux-ci ont alors donné de l’or, de l’argent et du bronze.
A ce sujet, le Rav Chwadron (le fameux Maguid de Jérusalem) explique qu’il existe trois types d’individus:
-les gens en or: ce sont ceux qui ont envie de donner de la tsédaka, qui cherchent les occasions d’accomplir cette mitsva, sans attendre qu’on les sollicite pour le faire; et qui, lorsqu’ils donnent de la tsédaka, le font de bon cœur, de tout cœur;
-les gens en argent: ceux sont ceux qui donnent de la tsédaka de bon cœur, mais seulement après qu’on soit venu le leur demander; ils ne devancent pas eux-mêmes la demande;
-les gens en bronze: ce sont ceux qui ne veulent pas donner de tsédaka, et qui essayent de se dérober lorsqu’on les sollicite à ce sujet.
À propos du don, la Guemara Ketouvot (66a) raconte l’histoire de Rabbi Yo’hanane ben Zakay qui, à l’époque de la destruction du 2ème Temple, vit une femme en train de chercher de la nourriture dans des excréments d’animaux. Il lui demanda qui elle était. Elle lui répondit: « Je suis la fille de Nakdimone ben Gourion ». Or cet homme était l’une des personnes les plus riches de Jérusalem. Par conséquent, comment se pouvait-il que sa propre fille soit tombée dans une telle pauvreté ?! Et c’est la fille elle-même qui donna la réponse à cette question. Elle répondit à Rabbi Yo’hanane par un dicton de Yéroushalayim:
-qui dit: « מלח ממון חסר (le sel de l’argent, c’est d’être manquant) » ;
-et qui, comme l’explique Rachi, signifie que celui qui veut conserver son argent doit en donner à la tsédaka (car de même que le sel permet de conserver les aliments, le fait de donner de la tsédaka permet de conserver l’argent).
Pourtant, Nakdimone Ben Gourion a fait de la tsédaka (la Guemara elle-même raconte que lorsqu’il sortait de chez lui pour aller au Beth Hamidrash, il faisait tomber des pièces d’or, que les pauvres venaient ensuite ramasser) ! Comment donc sa propre fille peut-elle sous-entendre qu’il n’a pas accompli cette mitsva ?
La Guemara apporte deux réponses:
1) Nakdimone ben Gourion a fait de la tsédaka, mais pour son propre honneur (pour que les gens l’admirent, parlent de lui en bien, pour les impressionner etc…) et donc avec orgueil ;
2) Nakdimone ben Gourion a fait de la tsédaka, mais en donnant des sommes qui, par rapport à tout ce qu’il possédait, étaient insignifiantes. Il aurait dû donner beaucoup plus.
Sur cela, le Maharcha (un commentateur de la Guemara) dit que même si Nakdimone ben Gourion avait donné plus de tsédaka, tant qu’il agissait pour son propre honneur, il n’accomplissait pas la mitsva. Et que ce cas est différent de celui dont parle la Guemara Roch Hachana lorsqu’elle dit que celui qui donne de la tsédaka pour que son fils vive est un tsadik. Car dans ce dernier cas, même si la personne a agi par intérêt, elle n’a pas agi que pour elle. Elle a quand-même accompli la mitsva de tsédaka. Contrairement au cas d’une personne qui donnerait de la tsédaka pour s’enorgueillir, et qui n’agirait alors que pour elle-même, sans tenir compte de Dieu.
Le Maharcha ajoute que de nos jours, nombreux sont ceux qui gagnent de l’argent d’une manière qui n’est pas honnête (par exemple en volant des nons juifs) et qui, après, se servent de cet argent pour faire, à une institution ou à un pauvre, un don d’un montant impressionnant. En agissant ainsi, ils passent par une avéra pour accomplir une mitsva, et leur richesse ne perdurera donc pas. De même qu’elle est venue vite, elle partira vite. Car ce qui est acquis malhonnêtement ne perdure pas.
Il faut donc veiller à ce que l’argent qu’on reçoit soit propre, c’est-à-dire acquis honnêtement. Sinon, il détruit l’endroit qui le reçoit.
D’après le Maharcha, celui qui donne de la tsédaka pour son honneur n’accomplit donc pas la mitsva.
Pourtant, le Rachba dit clairement dans ses réponses que lorsqu’une personne a accompli une bonne action, il est bien de la publier (d’ailleurs, la Torah elle-même le fait en nous parlant, par exemple, du bien qu’a fait Avraham Avinou):
-pour que ce soit un bon souvenir pour cette personne lorsqu’elle quittera ce monde (c’est-à-dire pour que, même après ce moment, on se rappelle encore de ce bien qu’elle a fait);
-et pour que les gens apprennent d’elle (c’est-à-dire pour qu’ils aient, eux aussi, envie d’accomplir cette bonne action).
Par conséquent, lorsqu’on fait du bien, faut-il:
-le publier (du fait des deux avantages que cela a, d’après ce que dit le Rachba);
-ou non (car, comme le dit le Maharcha, le fait pour une personne de donner de la tsédaka pour son propre honneur entraîne qu’elle n’a pas accompli la mitsva) ?
Le Rav Lévinstein répond que lorsqu’un pauvre tape à notre porte, nous devons lui donner de la tsédaka discrètement, sans publier autour de nous ce que nous avons fait.
Par contre, si on donne de l’argent pour une Yéchiva ou pour construire un Kollel, il est bien que ce soit publié (par exemple, en écrivant sur une plaque qu’Untel a permis à ce Kollel d’exister, et en affichant celle-ci). Car ce sera non seulement un bon souvenir pour la personne qui a fait ce don, mais en plus cela donnera envie à d’autres de l’imiter.