ח׳ בשבט ה׳תשפ״ה

La vie est un cadeau !

La vie est un cadeau !
Cours de Rav Yossef Haim Sitruk (zatsal)

 

Une des expressions les plus banales et les plus usuelles de la vie est l’une des plus importantes. Elle est d’une richesse  colossale, dont je n’ai pas voulu vous priver.Je vais donc, aujourd’hui, vous faire un grand cadeau. Ce cadeau, c’est vous rappeler combien il est important, capital, de dire merci.

Le mot « merci » nous le disons (je l’espère) de nombreuses fois par jour. Mais que recouvre cette dimension, quelle qu’en soit la langue ?
Nous allons essayer en quelques minutes de la comprendre, à travers les expressions hébraïques « Modé Ani » (au masculin singulier), « Moda Ani » (au féminin singulier) ou « Modim » (au pluriel) ».

Lorsqu’on se lève le matin, nos maître recommandent de dire le Modé Ani lorsqu’on est encore sur son lit, avant même d’avoir fait sa toilette ou de s’être habillé. Dans cette phrase (où on prend soin de ne pas dire le Nom de Dieu parce qu’on n’a pas encore fait nétilat yadayim/on ne s’est pas encore lavé les mains), on dit: « Je te suis reconnaissant devant Toi, Roi éternel, parce que tu m’as redonné la vie ».

Examinons un petit instant le contenu de cette expression: par elle, nous remercions le Créateur de nous avoir donné la vie.
C’est d’abord, en passant, une manière de rappeler qu’Il est le maître de notre vie ; et que, par conséquent, si nous sommes encore en vie aujourd’hui, c’est grâce à Lui.
C’est ensuite l’expression d’un refus de s’habituer. Il y a des gens qui trouvent normal le fait de respirer, de se réveiller; en un mot normal le fait de vivre. Nous, nous considérons que la vie est un éternel cadeau, un recommencement permanent. Et lorsqu’on arrive le matin au réveil, on remercie tout de suite Dieu pour ce cadeau.
On L’en remercie même lorsque ce que nous allons vivre n’est pas forcément aussi beau que ce que nous aurions voulu vivre. Le Modé Ani a été récité même par des déportés à Auchwitz ! Ils savaient pourtant que la journée qui les attendait allait être un enfer. Qu’elle allait être pleine de galère, de souffrances, d’humiliations, de privations, de coups…  Mais celui qui a dit chaque jour Modé ani léfanékha a pu sans aucun doute non seulement supporter la journée, mais aussi réaliser (et là est le coeur de l’enseignement) qu’une vie ne vaut pas par ses événements mais par le fait qu’elle est là.
Pour prendre un exemple moins dramatique, une personne qui se réveille le matin en sachant qu’elle doit se rendre à l’hôpital pour une opération importante ou qu’elle a, dans la journée, un contrôle fiscal important, ne dit pas: « Oh non! J’aurais préféré ne pas exister cette journée-là! ». Si tu existes, si tu as la chance de vivre, ne te projette pas dans le futur ! Positive les évènements, en considérant qu’ils sont des cadeaux !
Dans la vie, il n’y a rien de pire que quelqu’un qui trouve les choses normales. Je dirais même qu’à mon humble avis, c’est la raison essentielle de la mésentente de très nombreux couples. En effet, dans les couples, beaucoup de choses ne marchent pas parce qu’on ne sait pas se dire merci.

Prenons une scène typique de la vie quotidienne: si, lorsqu’un homme rentre chez lui et qu’il trouve sa femme à la maison, s’il lui disait « Merci d’être là! », exprimant ainsi sa joie de la retrouver, au lieu de lui dire simplement et directement « Qu’est-ce qu’il y a à manger? »; s’il savait apprécier le plat même simple qu’elle s’est efforcée de lui préparer du mieux qu’elle pouvait, au lieu de le critiquer en jugeant qu’il n’est pas à la hauteur des plats que lui préparait sa mère lorsqu’il était encore célibataire; s’il dit merci, d’un seul coup le rapport change. La gratitude est au cœur du rapport.

Si la femme, à son tour, en accueillant son mari, lui dit « Merci! », si chacun se dit « Merci! » en sachant apprécier la présence de l’autre et s’en réjouir, le rapport ne sera déjà pas conflictuel. Car tout ce qu’on recevra, même un morceau de pain avec un peu de beurre ou d’huile dessus, sera considéré comme un cadeau, un bonus auquel on ne s’attendait pas. Et cela sera donc apprécié, car on sera conscient du fait que les choses auraient très bien pu se passer autrement: on aurait très bien pu n’avoir rien à manger, rentrer dans une maison vide, où se retrouver seul à la maison parce que l’autre n’est pas rentré… De nombreuses hypothèses tragiques existent malheureusement ! Mais lorsque les gens ont le sens du merci, toute leur vie devient, d’un seul coup, un bonheur permanent.
Lorsqu’une personne nous rend service ou nous donne une chose dont on mesure le bienfait, on trouve normal de dire merci. Mais même lorsqu’on ne trouve pas tout de suite le bienfait, il faut commencer par remercier. Car cela entraînera un changement positif dans le rapport qu’on aura avec la personne qui nous a donné.

Même si on trouve normal le fait qu’une personne nous aide à traverser la tue lorsqu’on a des difficultés à marcher, ou qu’elle cherche nos enfants à l’école puisqu’elle y va de toute manière pour chercher les siens, disons-lui merci !

Autre exemple: dans la vie professionnelle, quels sont les patrons qui ayant dicté une lettre à leur secrétaire, la remercient lorsqu’elle a fini de l’écrire ? Le patron essayera plutôt voir où sont les fautes dans ce qu’elle a tapé, pour éventuellement la réprimander! Mais s’il commençait par lui dire: « Merci! » ?
Il est normal qu’une employée fasse son travail le mieux possible, avec diligence et application. Mais pour essayer de motiver quelqu’un, il faut le gratifier. Le gratifier d’un merci, d’une expression qui le valorise. Je crois qu’un « Merci! » valorise la personne.
Je vais vous donner enfin un exemple de la Guemara: la Guemara dans Berakhot dit que les mots « גזלת העני בבתיכם (le recel du pauvre est dans vos maisons) » s’appliquent à celui qui ne répond pas bonjour à un pauvre qui lui dit bonjour.
Celui qui ignore un pauvre en ne lui rendant pas son bonjour est donc considéré comme ayant volé un pauvre, puis gardé en sa possession l’objet qu’il lui a volé. Pourquoi ? Parce que dans le bonjour d’une personne, il y a toute sa dignité, toute sa richesse. Si on la lui prend sans la lui rendre, on la lui vole.
En d’autres termes, ne pas répondre à quelqu’un, feindre de l’ignorer, c’est lui ôter tout sens de l’existence.

Constater au contraire qu’il est là, qu’on se réjouit du salut qu’il nous a donné, c’est embellir sa vie. C’est la rendre lumineuse. C’est lui permettre de sentir qu’il est important.

Pour terminer, je vais vous donner un exemple: depuis toujours, lorsque je vais quelque part et qu’il y a des enfants, j’ai une habitude: je les regarde. J’ai constaté deux choses:
-la première, c’est que les enfants, eux, me regardaient;
-la deuxième, c’est qu’ils ont été heureux de mon regard: ils ont constaté que j’avais constaté qu’ils existaient.

Dans les cérémonies officielles, dans les endroits où il y a des personnalités, il y a des gens qui saluent la plus grande personnalité, puis la deuxième, puis la troisième, et qui ignorent le reste des personnes présentes. Alors que d’autres, au contraire, passent de main en main, saluant chacun quel qu’il soit, regardant chacun et accordant à chacun son importance. C’est très différent !

Les midot consistent à voir l’importance de chacun.
Comment est-ce qu’on situe l’importance de chacun ? En lui disant bonjour.
Dire bonjour, c’est une façon de dire merci.

Et moi je voudrais, en achevant cette émission, vous dire merci de l’avoir regardée.

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