La paracha de Vayéchev nous donne un message très important sur l’éducation.
En effet, elle nous raconte l’histoire presque incroyable de Yossef qui résista à la très belle femme de Potifar, alors qu’il était lui-même un jeune-homme beau, élégant, qui avait beaucoup de succès, et qu’il s’est retrouvé seul avec elle, qui insistait pour avoir une relation avec lui. À son âge, il était particulièrement difficile de résister à cette tentation. Et pourtant, il y arriva.
Rachi nous précise (et c’est ramené dans la Guemara Sota, au nom de Rav) que Yossef était intéressé par cette relation, mais que ce qui l’a vraiment aidé à ne pas avoir cette relation interdite, c’est qu’il a vu l’image de son père (demout dyoukno chel aviv).
En quoi le fait d’avoir vu l’image de son père l’a-t-il aidé ? Que lui est-il arrivé lorsqu’il a vu cette image ?
Lorsque les gens sont dans le feu de la avéra (ou dans le feu du désir), il est très dur de les arrêter. La Guemara dit même qu’un homme qui veut avoir une relation interdite avec une femme est même capable de l’avoir dans le Kodesh Hakodashim (la partie la plus sainte du Beth Hamikdash)!
Alors en quoi le fait d’avoir vu l’image de Yaacov Avinou a-t-il vraiment interpelé Yossef ? En quoi cela lui a-t-il permis de s’arrêter net ?
En fait, lorsque Yossef a vu son père, il a vu, quelque-part, un modèle. Il a vu le prototype-même de celui qui, toute sa vie, s’est préservé des relations interdites.
En effet, le ‘Houmach témoigne de la pureté de Yaacov dans la paracha de Vayé’hi, lorsqu’elle nous y rapporte que Yaacov a dit à son fils aîné Réouven: « Tu es mon aîné et ma force » (« Réouven békhori ata. Ko’hi véréchit oni »)
Au sujet des mots « véréchit oni » employés ici, Rachi dit: « Hi tipa richona chélo, chélo raa kéri miyamav. ».
Cela signifie que Réouven était non seulement l’aîné de Yaacov Avinou, mais surtout le résultat de sa première goutte de semence. C’est pour ce fils, pour cette relation permise, que Yaacov Avinou a utilisé celle-ci. Il n’a donc jamais rien gaspillé à ce niveau-là. Autrement dit, il s’est totalement préservé des relations interdites.
Lorsqu’on a un père qui est tellement exemplaire, qui est un modèle dans ce domaine-là, cela nous interpelle. Cela nous donne à réfléchir. Et, plus encore, cela nous donne une force, une capacité énorme à résister au yétser hara.
Lorsque Yossef a vu l’image de son père, il s’est dit: « Si mon père a été capable toute sa vie de résister, moi aussi je dois résister. Parce que toute la suite du Am Israël va en dépendre ».
On voit aussi cette idée lorsque les Égyptiens ont, plus tard, asservi les Bené Israël: à un moment, la Torah va, en effet, nous parler de l’Egyptien qui a été tué parce qu’il a fait un adultère avec la femme d’un Juif. Comme l’expliquent les commentateurs, si on nous raconte cette histoire, c’est pour bien nous indiquer que les Bené Israël ont été très respectueux des précautions à prendre dans le domaine des relations interdites. Ils se sont préservés de toute mauvaise relation.
La Torah nous raconte cette histoire car c’est la seule fois qu’il y a eu un problème à ce niveau-là (et même là, c’est un Égyptien qui a fait un adultère).
Mais d’où les Bené Israël ont-ils eu la force de se préserver à ce point des relations interdites, alors qu’ils étaient en Égypte, dans l’impureté totale ?
Lorsque les Bené Israël en Égypte ont entendu que Yossef a résisté à la femme de Potifar, cela leur a donné la capacité de se surpasser.
Et c’est cela que nous, parents, devons donner à nos enfants: un exemple. Pas seulement dans le domaine des relations interdites dont il faut se préserver, mais dans tous les domaines (par exemple dans le domaine du ‘hessed, de faire du bien aux autres).
Les enfants sont bien plus intelligents que ce que l’on croit! Ils regardent tout, ils remarquent tout.
C’est pourquoi il est très important d’être un modèle, d’être un exemple.
Leur cacher le bien que l’on fait n’est pas une bonne idée. Si on aide la communauté, si on est patient avec les autres, le fait de le montrer à nos enfants va les aider à prendre cet exemple, et donc à trouver les forces de résister aux mauvaises choses.
Inversement, lorsqu’on est faible dans un domaine, les enfants aussi le ressentent. Et quelque-part, inconsciemment, ils auront plus de difficultés à résister à la tentation. Car si les parents n’ont pas réussi à passer une épreuve, à surmonter un obstacle dans n’importe quel domaine, leurs enfants auront beaucoup plus de mal à résister devant les épreuves de la vie.
C’est pourquoi notre rôle consiste à essayer d’être un exemple pour nos enfants. Car ceux-ci enregistrent tout, captent tout, et sont la continuation des parents.
L’enseignement ici est clair: Yaacov est un exemple pour Yossef.
Yossef s’en rend compte. Et cela lui permet de trouver les forces nécessaires pour se préserver de la avéra.