La Torah, dans le Séfer Chémot, rapporte deux versets relatifs au hamets et à la matsa:
-l’un concernant l’interdit de hamets durant tout Pessah ;
-et l’autre se rapportant à l’obligation de manger de la matsa.
Voyons, à présent, le hamets:
Il est la résultante d’un processus de fermentation d’une pâte, qui se réalise au cours du temps, à l’aide de facteurs extérieurs et naturels, les levures n’étant que les accélérateurs et améliorants d’une fermentation qui se réaliserait même sans elles.
Il en découle que le processus de fermentation s’inscrit dans un phénomène naturel de relation de cause à effet. Il serait, en quelque sorte, le résultat d’une soumission aux règles de la nature. Ainsi, à un niveau spirituel, il incarnerait le monde sous l’emprise de la nature et de ses lois, qui masquerait la cause première: Dieu.
La fabrication de la matsa, contrairement à celle du hamets, est presque instantanée, soudaine, non liée au temps. Comme pour nous remémorer la hâte et la rapidité de la Sortie d’Egypte, comme il est dit dans Dévarim: « Durant sept jours, vous mangerez des matsot de pain de misère, car c’est avec hâte que vous êtes sortis d’Egypte ».
En d’autres termes, la matsa n’obéit à aucune loi physique. Elle n’entre pas, non plus, dans un système de relation de cause à effet. Elle est l’expression la plus limpide de l’implication directe et surnaturelle de Dieu dans sa conduite du monde.
Ainsi, la matsa nous révèle un fondement essentiel: Dieu conduit et dirige le monde, même si un écran qui s’appelle « nature (téva’) » vient s’interposer, et créer l’illusion d’être une force autonome.
Nos Sages ont enseigné qu’il eut été impossible aux Bné Israël de fuir l’Egypte de façon naturelle, en dehors d’une intervention divine indépendante de l’échelle du temps. C’est pourquoi la Sortie d’Egypte est survenue brusquement, précipitamment, de façon intemporelle: pour nous en rappeler son caractère surnaturel.
Ainsi le peuple juif a retrouvé sa liberté, mais à un niveau divin non lié à un espace temps.
Les deux mitsvot relatives à Pessah prennent alors toute leur signification:
-l’interdit du hamets, c’est la première étape dans la reconnaissance que Dieu gouverne le monde, tout en faisant abstraction de l’écran d’interposition qui s’appelle la nature ;
-la consommation de la matsa, c’est l’étape ultime dans le dévoilement absolu de Dieu, qui dirige le monde en brisant les limites de la nature.