Lag Baomer : un jour de deuil et de joie !
Par Rav E.Touitou
Le jour de Lag Baomer a lieu la Hiloula de Rabbi Chimon bar Yohaï.
Le mot « Hiloula » signifie « mariage », et le jour de la Hiloula de Rabbi Chimon est vraiment un jour joyeux (bien que, pour nous Séfaradim, cette joie n’est pas totale, puisque nous arrêtons le deuil des élèves de Rabbi Aquiva que le lendemain de Lag Baomer, le 34ème jour du omer; sauf lorsque le 34ème jour du omer tombe Chabbat, auquel cas il est permis de se raser à Lag Baomer likhvod Chabbat). Pourtant, il s’agit de la date de décès du tsadik ! En quoi donc est-ce un jour de joie ?
Les Maîtres nous disent que le décès du tsadik, c’est la réunion enfin réalisée de la néchama avec la présence divine.
Lorsqu’un tsadik disparaît, on est triste. Avant de quitter ce monde, Rabbi Chimon a exigé que le Klal Israël soit en fête et chante, car il n’y avait rien de triste à sa disparition. Parce que c’est le dernier jour de sa vie que Rabbi Chimon a réussi à rassembler ses élèves et à leur donner les plus beaux et les plus grands secrets de ce que l’on appelle le sens ésotérique/caché de la Torah. Et c’est pour cela qu’on doit se réjouir: pour ce cadeau infiniment beau, extraordinaire, que D.ieu a donné à Rabbi Chimon, que Rabbi Chimon a pu transmettre à ses élèves, et que nous aujourd’hui pouvons lire dans les livres de Kabala /de Zohar.
Voilà pourquoi nous nous réjouissons à Lag Baomer: il ne s’agit pas de faire la fête au sens « relâché » du terme. Il s’agit de rendre le kavod au tsadik.
Les décisionnaires d’aujourd’hui s’inquiètent de voir comment l’on est capable de défigurer une journée aussi magnifique que celle du Lag Baomer.
C’est le jour où on amène les enfants à Méron, pour se retrouver près de la tombe du tsadik, pour demander à D.ieu qu’Il entende nos prières par le mérite des tsadikim !
Mais depuis plusieurs années, il n’y a plus seulement des prières et des chants, mais des problèmes que la loi pose, et qui inquiètent les décisionnaires (mixité, façon de s’habiller…). De façon générale, les lois de la pudeur doivent être respectées, et a fortiori dans des endroits d’une telle kédoucha !
Le fait même de penser au tsadik doit nous imprégner d’une crainte ! Au point que certains diront que si on veut aller sur le kéver de Rabbi Chimon bar Yohaï, mieux vaut y aller un peu avant ou un peu après Lag Baomer, lorsqu’il y a un peu moins de monde, un peu moins de promiscuité… Parce que sinon, on perd de l’imprégnation qu’on devrait avoir devant le tombeau du tsadik.
Rabbi Chimon bar Yohaï est celui qui avait la conscience de porter (avec son fils) l’ensemble de l’humanité. Mais pas comme l’orgueilleux qui dit: « Vous ne savez pas qui je suis ! »… Il a étudié la Torah dans le dénuement le plus total, dans le rejet de toute matérialité. Il a atteint des niveaux de lumière que nous avons du mal à percevoir, mais qui existent, et que seuls les grands maîtres aujourd’hui savent nous dévoiler.
Il faut donc savoir donner de la valeur à cette journée.
Savoir que c’est comme une parenthèse au milieu du deuil pour les Achkénazim. Et c’est pour nous la fin du deuil, mais qui ne doit pas nous faire oublier que l’imprégnation de l’enseignement du tsadik doit nous porter pour continuer de travailler jusqu’au moment où nous allons recevoir la Torah à Chavouot.