י׳ בכסלו ה׳תשפ״ה

Le Michkane ou la finalité du monde

Le Michkane ou la finalité du monde
Par Yossef Aflalo

La paracha Vayakhel est la paracha de la construction du Michkane, du sanctuaire. Pourtant, elle commence par les mots suivants:

ששת ימים תעשה מלאכה וביום השביעי יהיה לכם קדש שבת שבתון להי ״

(Durant six jours la mélakha sera réalisée, et le septième jour sera pour vous saint; ce sera le Chabbat, qui sera consacré à Dieu) ״.

Rachi précise ici que l’injonction du Chabbat précède la construction du Michkane pour nous signifier que les travaux nécessaires à la construction du Michkane ne repoussent pas Chabbat.

‘Hazal veulent apprendre ici l’essence-même de l’interdiction de réaliser toute mélakha pendant Chabbat: puisque l’ordonnance du Chabbat précède et est juxtaposée aux mélakhot du Michkane, nos Sages déduisent d’ici le concept de mélakha.

Qu’est-ce qu’une mélakha ?

Ce que l’on appelle un mélakha (et, à tort, un travail) serait en fait un acte nécessaire et capital pour l’édification du Michkane. Ainsi, la mélakha est intrinsèquement liée à la réalisation du Michkane. Les mots mélakha et Michkane sont indissociables. Lorsque l’on parle de mélakha, on est inévitablement relié au Michkane.

Dès lors, on peut comprendre aisément que tout effort physique entraînant une fatigue, ou tout acte en rapport avec le business ou autre n’entre pas dans le concept de mélakha.

Ces actes sont interdits midéRabanane (d’après les ‘Hakhamim). Mais selon la Torah, puisqu’ils n’entretiennent aucun rapport avec le Michkane et qu’ils ne répondent donc pas à a définition de mélakha, ils restent permis.

Ainsi, la Torah permet de porter chez soi des objets lourds, de creuser un puits sous certaines conditions, d’acheter, de vendre, de s’occuper de business, d’entretenir des conversations à des fins économiques ou politiques…

Tout ceci n’a pas de rapport avec le Michkane, et n’est interdit déRabanane que parce que sinon, ces choses-là briseraient l’harmonie du Chabbat. Mais ce ne sont en aucun cas des mélakhot.

Alors comment comprendre que la Torah condamne à mort celui qui viendrait à allumer un feu, ou bien à retirer un déchet au sein d’un aliment, transgressant ainsi la mélakha de בורר/trier ?

C’est précisément cela que la Torah vient nous enseigner: la mélakha serait, en quelque sorte, la transformation par l’homme de l’essence de l’objet, et exprimerait alors son emprise et sa maîtrise sur la Création. Sa capacité à créer.

C’est cela une mélakha d’après la Torah. Et c’est aussi pour cette raison que toutes ces actions, et seulement elles, ont été utilisées pour l’édification du Michkane.

La Torah adresse ici un message universel au peuple juif:

Lorsque les bâtisseurs du Michkane effectuent ces mélakhot, cela signifie que la finalité et le but de toute création réalisée par l’homme n’a pas de valeur en soi. Ce qui importe, c’est que l’acte que je réalise soit entièrement tourné en direction du Michkane. Qu’il soit accompli en vue de l’édification de celui-ci. C’est cela une mélakha.

Il n’existe pas pour nous, Juifs, de métier ou d’art dans lequel on va s’investir totalement, ou pour lequel on va être prêt à donner sa vie.

Être musicien au nom de la musique, ou écrivain au nom de la littérature, être un scientifique renommé au nom de la science, tout ceci n’a pas lieu d’être. Toute réalisation humaine n’a qu’un seul but, une seule destination, qui s’appelle Michkane, qui est la centralité de ma vie et me permettra d’accéder au divin.

Toutes les valeurs de ce monde sont assujetties au Michkane, le centre de la avodat Hachem.

Le Judaïsme, bien entendu, ne s’oppose pas à l’apprentissage d’un métier ou à l’intérêt porté à la musique, au sport ou à la science etc… Mais il se refuse avec vigueur d’octroyer un statut de kédousha (de sainteté) à toute chose qui serait un but en soi.

La question que l’on doit se poser est la suivante:

Lorsque je travaille, que je pratique une activité ou que j’étudie telle ou telle science, quel est le but recherché ? Suis-je motivé par le désir de savoir, et pas plus ?

La mélakha de Michkane est là pour nous rappeler que cette approche est erronée, impropre. Tous les actes de ma vie doivent être tournés vers l’objectif principal qui s’appelle le Michkane, la avodat Hachem.

Il n’existe pas, à proprement parler, de cohabitation entre la Torah et la science, entre la Torah et l’art.

Tout acte généré par l’homme ne doit être accompli que s’il va l’aider à progresser spirituellement

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