Le puiseur d’eau et le KGB
Par Rav E.Hassan
La Torah accorde une importance fondamentale à l’intention qui accompagne nos actes.
Dans une mitsva, il y a deux parties: l’action et l’intention. Et les deux sont nécessaires, comme le montre l’histoire suivante :
Il y a quelques dizaines d’années, dans la Russie profonde, dans un village juif, vivait un puiseur d’eau. Chaque jour, cet homme gagnait difficilement sa vie, en portant deux sceaux accrochés autour de son cou par une corde. Plusieurs fois par jour, il traversait toute la forêt, jusqu’au fleuve dans lequel il puisait de l’eau. Puis il ramenait celle-ci en ville, où il la vendait.
Mais un jour, alors qu’il puisait de l’eau, un malheur va le frapper: la corde dont il se servait depuis de nombreuses années se déchira en lambeaux ! Comment allait-il, à présent, assurer sa subsistance sans son précieux outil de travail ?
Il aurait certes pu retourner au village chercher une nouvelle corde. Mais cela aurait pris beaucoup de temps (et donc, de toute manière, occasionné une perte financière)… Comment donc réparer sa corde ? Il fallait qu’il trouve rapidement une solution, afin de pouvoir au plus vite répondre aux besoins de ses clients!
Lorsqu’un Juif est dans la peine, il prie. Et lorsqu’il prie de tout son cœur, D.ieu l’écoute.
Le Juif pria et, peu après, il s’aperçu que se trouvait à ses pieds… une corde ! Et pas n’importe quelle corde: une corde bien longue et bien solide !
Heureux du grand miracle dont il a bénéficié, l’homme retourne en ville et le raconte à sa femme. Toute la famille s’en réjouit. Puis la nuit tombe, et ils vont dormir.
Soudain, vers 3 heures du matin, on tape bruyamment à la porte. Or à cette époque, en Russie, de pareils coups n’annonçaient rien de bon. Ils indiquaient la venue de la police secrète avec, au meilleur des cas, une peine de 25 ans en Sibérie; et, au pire des cas, une exécution sommaire…
L’homme ne comprend pas ce que la police lui veut, sa femme est très inquiète, les enfants se réveillent…
Finalement, sachant que s’il ne leur répond pas il risque une sanction encore pire, l’homme ouvre aux policiers.
Devant lui, il aperçoit deux hommes très musclés. L’un d’eux lui demande: « Es-tu bien Untel fils d’Untel ? » et dès qu’il répond « oui », les hommes l’empoignent puis le jettent dans une voiture…
A l’intérieur de celle-ci, l’homme regarde un policier, puis l’autre… Il essaye de voir lequel est le plus « aimable » des deux, afin de l’interroger pour comprendre ce qu’on lui reproche… Mais à peine fait-il une tentative de dialogue que le policier auquel il s’est adressé lui hurle: « Tais-toi, Juif ! Tu n’as pas le droit de parler! ».
Après quelques jours d’emprisonnement, l’homme juif est traîné en justice.
Il ne comprend toujours pas ce qu’on lui veut, mais est encore plus étonné lorsqu’il entend le juge le traiter de traître, d’assassin, de meurtrier… et lui reprocher d’avoir tué quarante soldats!
Il pense tout d’abord, évidemment, qu’il y a erreur sur la personne. Mais lorsque le juge lui demande si c’était bien lui qui était dans la forêt tel jour à telle heure, il comprend que c’est bien de lui qu’on parle.
Mais il ne comprend toujours pas ce qu’on lui reproche. Il sait pertinemment qu’il n’a tué personne.
Après une longue discussion, l’homme réalise que ce qu’il pensait être une corde était en fait un fil de télégraphe; et qu’en le coupant, il avait empêché la police de prévenir quarante soldats qu’une embuscade les guettait déclenchant la mort de quarante personnes…
Le juge, voyant que l’homme n’avait réellement eu aucune mauvaise intention, ne prononça aucune peine à son encontre.
Et l’homme pu donc retourner en paix chez lui.
Mais, demande le Hafets Haïm, que serait-il arrivé à cet homme s’il avait fait la même erreur consciemment ?
Il aurait été condamné à mort ! C’est parce qu’il l’a fait involontairement, qu’il a pu être gracié.
Cela nous montre qu’un même acte peut être très différent, selon qu’il est ou pas accompli avec intention.
Rappelons-nous de cela lorsque nous faisons des mitsvot !
Et, au lieu de les faire d’une façon mécanique, essayons de les accomplir (au moins un peu) dans l’intention de se rapprocher de D.ieu.