Le sel du Omer et sa symbolique dans le judaïsme
Il est exact que s’est développé dans les communautés d’Afrique du nord et plus particulièrement au Maroc le « Minhag » de distribuer le premier soir où l’on compte le ‘Omèr, des petits sachets de sel cristallin à tous les fidèles qui viennent prier.
L’habitude était que le Chamach de la synagogue se charge lui-même de remettre le paquet de sel en question à chacun des fidèles qui avait soin de le garder dans la main et de le ranger précieusement avant d’aller se coucher (1).
Certains affirment que cette manière de procéder est une source de bonne « Parnassa » (revenus) et de protection, en particulier contre le mauvais œil (2).
On trouve à ce Minhag plusieurs motivations:
a) Il faut savoir que la Tora (3) nous ordonner d’apporter le lendemain du premier jour de Péssa’h l’offrande du ‘Omèr à base de farine d’orge provenant des prémices de la moisson. A savoir que le ‘Omèr est une mesure de volume qui correspond environ à 4 litres.
La Tora nous prescrit par ailleurs de compter depuis ce jour 7 semaines entières avant d’apporter une nouvelle oblation (4).
Puisque de nos jours nous n’avons plus de temple, il n’y a plus d’offrande du ‘Omèr mais l’obligation de compter subsiste.
Toutefois, en souvenir de l’offrande que nous faisions à l’époque du temple, nous apportons du sel afin de symboliser la prescription de la Tora : « Avec chaque sacrifice (ou offrande) tu apporteras du sel » (5).
b) Le Rama (6) qui évoque l’ordre de la Tora de joindre à chaque sacrifice du sel nous précise que celui-ci est un élément protecteur contre les malheurs.
c) Le sel, qui ne s’altère jamais et persiste éternellement, est le symbole même de la pérennité. C’est pourquoi l’alliance entre Hachèm et le peuple d’Israël est qualifiée de « Brite Méla’h » (alliance de sel, soit alliance éternelle et indestructible).
La présence de sel, au moment où nous allons réaliser une Mitsva, est donc pour nous une source de protection, car elle vient rappeler le lien inaltérable qui nous unis à notre créateur (7).
C’est d’ailleurs pourquoi certains ont l’habitude de porter avec eux du sel la veille de Péssa’h, au moment de « Bédikate ‘Hamèts » (recherche du ‘Hamèts).
Le sel étant un signe de pérennité, cela constitue aussi un « Simane Tov » (une bonne augure) afin de réaliser à nouveau la Mitsva l’année suivante (Bèn Ich ‘Haï).
Le Minhag en Algérie était de distribuer des petits sachets contenant du sel et du cumin que l’on gardait chez soi jusqu’à l’Omèr de l’année suivante. Le sel, à cause de ses vertus contre le mauvais œil et le cumin par ce qu’il calme la colère l’excitation et la nervosité.
Le « livre de nos coutumes » (8) explique que le cumin venait calmer l’anxiété des fermiers au moment de la nouvelle récolte (sera-t-elle bonne ou mauvaise) et rappelle les gestes du Kohèn au moment de l’offrande. En effet, celui-ci soulevait et balançait le ‘Omèr vers la 4 points cardinaux pour contrecarrer les vents et les tempêtes et de bas en haut pour annuler les rosées néfastes (et donc pour que la récolte soit bonne).
1) Yahadoute Hamagrèb page 173
2) Min’hate Moché du Rav Baroukh Sebbag page 35 et le Bèt Habé’hira page 91b; Voir aussi le Kovèts Minhaguim du Rav Chim’one Danino
3) Vaïkra 23,9-11
4) Vaïkra 23,15-16
5) Vaïkra 2,13
6) Ora’h ‘Haïm chap. 167 par. 5 au nom de Tossefote et Hagahote Achri
7) Voir Michna Béroura chap. 167 alinéa 32
8) Livre en français sur les coutumes des communautés algériennes page 181
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