La paracha de Michpatim commence par « ואלה המשפטים אשר תשים לפניהם [Et voici les lois que tu mettras devant eux (c’est-à-dire devant les Bné Israël)] ».
Rachi explique que le mot « ואלה (et voici) » a été employé ici [au lieu du terme אלה (voici), auquel on se serait plutôt attendu], pour nous indiquer que « מה אלו מסיני אף אלו מסיני », c’est-à-dire que:
-de même que les Dix commandements énoncés dans la paracha précédente (parachat Yitro) ont été révélé au Sinaï, de la bouche de Dieu;
-de même les lois que nous allons voir dans la paracha de Michpatim ont été révélées au Sinaï.
Pourquoi avoir besoin de nous préciser cela ?
Les Pirké Avot (Maximes des Pères) » font partie du Talmud. Ils parlent essentiellement de tout ce qui concerne la relation à autrui, et commencent par « משה קיבל תורה מסיני (Moché a reçu la Torah au Sinaï) ». A priori, nous savons déjà cela ! Pourquoi donc nous le redire ?
Une des explications et la suivante:
Lorsque nous abordons des principes moraux et éthiques, lorsque nous abordons les lois sociales telles que nous allons les voir dans la paracha de Michpatim, nous aurions pu nous imaginer qu’elles ne sont que le fruit du génie de l’humain. Qu’elles n’ont pas une dimension révélée, et donc absolue. Que, comme elles ne sont que le fruit de l’homme, elles sont peut-être valables à une certaine époque, mais pas à une autre. Et que la Loi serait donc à géométrie variable.
Le texte nous rappelle, par conséquent, que toutes les lois de la Torah qui gèrent le rapport à l’autre ne sont pas de simples lois sociales. Elles ont, elles aussi, été révélées par Dieu, comme les Dix commandements. Et elles sont donc valables de manière constante, dans toute la durée de l’Histoire.
Elles ne dépendent pas d’une époque ou d’un cadre. Elles ont une dimension absolue.
De même que dans Pirké Avot, on va nous dire que Moché a reçu la Torah au Sinaï pour nous avertir que ce qui va être dit ensuite a aussi été dit au Sinaï, de même au début de parachat Michpatim, on va nous préciser que les lois énoncées dans cette paracha, qui pourraient sembler n’être que des lois sociales, que l’être humain aurait pu lui-même inventer, ont aussi été dites au Sinaï (c’est-à-dire qu’elles proviennent aussi de Dieu).
C’est ainsi (en se rappelant que ces lois ont une dimension divine) qu’il va falloir étudier ces lois, et que nous allons leur donner de l’importance. Pourquoi ?
Car lorsque nous pensons qu’une loi est humaine, nous nous permettons (puisque nous sommes aussi humains) de la redéfinir, souvent en fonction de nos intérêts. Or lorsque la loi est fonction de l’individu, lorsque ce qui est considéré bien ou mal dépend de ce qui lui fait à lui du bien ou du mal, elles varient selon les sociétés, et toutes les dérives sont possibles.
Rappelons, en effet, que les pires dictateurs ont mis en place des systèmes de lois. Ils se sont arrogés cette liberté de dire la loi. Et, à partir de ce moment-là, de valider leur comportement, parce que la loi avait été créée.
Les lois de la Torah, qu’elles soient religieuses (Chabbat, cacherout, les fêtes etc…) ou civiles, proviennent toutes du Créateur. Elles sont donc valables sur toute la durée de vie de l’Univers.
C’est ainsi qu’il faut les comprendre, les aborder. Et, surtout, les vivre.