Ne jamais renoncer à sa grandeur
Réflexion sur Ticha Béav par Yossef Aflalo
Après la destruction du Temple de Jérusalem, le peuple juif partit en exil. Lorsqu’ils arrivèrent devant les rives du fleuve de Babylone, les soldats de Nabuchodonosor exigèrent des Lévyim d’entonner, en leur honneur, un hymne de gloire accompagné d’instruments de musique.
Mais les Lévyim leur répondirent :
« איך נשיר את שיר הי על אדמת נכר »
« Comment pourrions-nous chanter l’hymne de l’Éternel sur une terre étrangère ? » Cependant, les persécuteurs insistèrent avec force, obligeant les Lévyim à sectionner les doigts de leur main droite, et ne pas se profaner.
À cet instant précis, D.ieu jura : « Puisqu’en Mon honneur, vous avez amputé votre main droite de vos doigts, alors Je vous promets d’être parmi vous durant votre exil. Et lorsque Je vous ramènerai à Jérusalem, Je me vengerai alors de vos ennemis. »
Cet épisode tragique démontre que le peuple juif ne renonce jamais à sa grandeur.
Il y a quatre mille ans, Léa, refusant de se marier avec Essav l’impie, pleurait chaque jour afin de s’avilir, et de ne pas trouver grâce à ses yeux. La reine Esther, plus tard, cachera elle aussi sa beauté, pour ne pas tomber entre les mains du perfide roi Assuérus. Plus récemment, combien de Juifs ont désobéi aux ordres des Nazis, préférant mourir et préserver leur dignité ou ne pas contrevenir aux mitsvot de la Torah ?
Les Lévyim ont choisi délibérément de se mutiler et de perdre définitivement leur statut privilégié de pouvoir servir dans le Beth Hamikdash. Tout cela pour ne pas trahir le sens-même de leur existence, et rester fidèle à la parole divine.
Le Téhilim « Al naharot Bavel », que nous récitons à Ticha Béav, immortalise cet événement douloureux, et nous délivre un enseignement, un héritage éternel : un Juif ne doit jamais renoncer à sa grandeur.