Pourquoi et comment faut-il prier ?
Dans la paracha de Vaéra, nous voyons que D. est apparu à Moché Rabbénou, et qu’il lui a dit: « Je suis le Dieu de tes pères, Avraham, Yitshak et Yaacov, et J’ai conclu avec eux une alliance disant que Je les amènerais en Erets Kénaane (c’est-à-dire en Erets Israël). Et du fait que j’ai écouté les cris, la souffrance, la misère des Bné Israël, asservis par les Égyptiens, Je me suis rappelé tout-à-coup de cette alliance. C’est pourquoi tu vas dire aux Bné Israël que Je suis Dieu, et que J’ai l’intention de les faire sortir d’Egypte ».
Ici, les commentateurs demandent: Pourquoi D. a-t-Il attendu que les Bné Israël crient pour les délivrer, alors qu’Il avait déjà promis aux patriarches qu’Il les libérerait et les amènerait en Erets Israël ? Pourquoi attendre leur prière ? Pourquoi les faire souffrir tellement ? Pourquoi ne pas accomplir directement ce qui a été promis aux patriarches ? Pourquoi fallait-il la promesse ET la prière ?
Parfois, nous avons l’impression que lorsque nous prions, c’est parce que nous voulons quelque part plus que ce qui nous revient. On a l’impression que ce qu’on demande n’aurait normalement pas dû nous être accordé, et qu’on va essayer de l’obtenir quand-même grâce à la prière. Mais le Ram’hal nous dit que cette manière de penser n’est pas juste, qu’il ne faut pas penser ainsi. Que parfois, D. a préparé une abondance, a déjà préparé la berakha pour nous; mais que sans tefila, nous ne pouvons pas obtenir ce qu’Il voulait nous donner. C’est ainsi qu’Il a créé le monde, comme nous le voyons avec Adam Harishone, qui, lorsqu’il a ouvert les yeux, lorsqu’il venait à peine d’être créé, a vu un monde inachevé et a alors prié (c’est d’ailleurs pour cela, parce que le premier homme a prié, que la prière n’est pas quelque chose de spécifiquement juif, mais quelque chose d’universel). Et D. a volontairement créé le monde dans cet état-là, pour que l’homme puisse l’améliorer par sa prière. En fait, tout existait déjà potentiellement, mais la tefila était indispensable pour concrétiser tout ce potentiel, pour le faire exister dans la réalité (pour faire pousser la pelouse, les arbres etc…)
La prière, c’est ce qui va nous permettre d’obtenir même le strict minimum. Sans tefila, même cela on n’obtient pas.
- avait certes fait une promesse aux patriarches. Mais il fallait la prière des Bné Israël pour que cette promesse se réalise. D. a créé le monde inachevé, et a décidé qu’Il le terminerait suite à la prière de l’homme.
Lorsque l’homme demande une chose, il apprécie lorsqu’on la lui donne. S’il la reçoit sans avoir rien demandé, il ne l’appréciera pas. C’est pourquoi D. veut qu’on Lui demande, avant de nous donner.
D’Adam Harishone et des Bné Israël en Égypte, nous pouvons apprendre que pour obtenir même notre dû, Même ce que D. a déjà préparé pour nous, il faut obligatoirement prier.
Cela est comparable au fait de devoir remonter sa montre. De nos jours, les montres sont certes automatiques. Mais à l’époque, il fallait chaque jour tourner le bouton de la montre, pour qu’elle puisse continuer à fonctionner.
La prière, c’est ce bouton qui va permettre à la montre de fonctionner. C’est ce qui va permettre à l’abondance de venir.
On ne peut rien obtenir si on ne le demande pas. L’intérêt de la tefila est aussi, évidemment, d’avoir un lien avec Dieu.
Il y a des gens qui, lorsqu’ils prient Dieu, ne Lui demandent que des petites choses. C’est une erreur, car D. peut tout, et Il a tout.
- a créé le monde dans l’intention de nous faire du bien. Il est bon, et veut donc faire du bien. Il est parfait et, par conséquent, lorsqu’il va nous donner quelque chose, Il va le faire de la manière la plus parfaite. Sa donation sera parfaite. Mais si nous ne croyons pas en cela, et que nous pensons ne pas mériter qu’Il nous donne quelque-chose, alors nous nous limitons dans nos demandes. Or c’est l’homme qui crée le récipient. Par conséquent, s’il fait un petite demande (exemple: « Je veux refaire ma chambre »), il recevra une petite chose. Et s’il en fait une grande (exemple: Je veux acheter un appartement), il recevra une grande chose.
L’homme créé le récipient, et Dieu le remplit.
Certains créent un récipient petit comme un verre, d’autres un récipient plus grand comme une bouteille… Mais dans tous les cas, Hachem remplit ce qu’on Lui apporte. Certains recevront beaucoup, et d’autres moins, chacun selon le récipient qu’il aura préparé, chacun selon la tefila qu’il aura formulée.
Si je sais que D. est capable de tout et que j’y crois, alors pourquoi ne pas Lui demander beaucoup ?
- va réagir selon l’espoir que je mets en Lui.
Pour essayer d’illustrer tout cela, voici une histoire:
Il y a environ 250 ans, le Chaagat Aryé voyageait en direction de Metz, ville où il allait plus tard devenir Rabbin. Avant qu’il quitte sa ville, une dame âgée lui apporta trois ‘halot, et les lui donna. Le Rav en fut très content, et la bénit en lui souhaitant que, par le mérite des trois ‘halot qu’elle lui a données, D. lui donne les moyens de construire trois Synagogues: deux dans la ville où elle habitait, et une en Erets Israël. Cette femme réussi à faire construire les deux Synagogues dans sa ville, et il lui restait encore de l’argent. Mais elle allait presque mourir. Elle alla donc voir le Rav, et lui dit: « Je vais bientôt mourir. Prenez cet argent, et donnez-le à la tsédaka! ». Le Rav lui demanda d’où elle avait cet argent, et elle lui raconta qu’une fois, le Chaagat Aryé lui avait fait une berakha, dans laquelle il lui avait souhaité d’avoir de quoi construire trois Synagogues: deux ici, et une en Israël. Le Rav lui répondit: « Tu as reçu une berakha du Chaagat Aryé ? C’est un Rav extraordinaire ! Donc s’il t’a dit que tu vas construire une Synagogue en Israël, c’est que tu vas avoir la vie et les moyens de le faire! Donc même si tu penses être vieille et ne pas avoir la force de le faire, vas en Israël et construit la Synagogue ! ». Et effectivement, la vie de cette femme s’est prolongée, et elle a réussi à aller en Israël et construire la Synagogue.
La moralité de cette histoire, c’est que quand on veut quelque-chose et qu’on y croit, ça marche !
Par contre, juste après, on nous raconte qu’un homme ayant entendu cette histoire est parti chez le Chaagat Aryé, et lui a dit: « Rav, moi aussi je voudrais une berakha ! ». Comme c’était un fermier, et que sa vache (avec laquelle il gagnait sa parnassa) vieillissait, il demanda: « Rav, faites en sorte que la vie de ma vache se prolonge! ». Le Rav lui souhaita que la vie de sa vache soit prolongée, mais également que la sienne (la vie du fermier) le soit. Ainsi, il a voulu lui montrer que sa demande (que la vie de sa vieille vache soit prolongée) n’en était pas une. Car il aurait pu demander même dix vaches! Pourquoi donc voir les choses en petit ? Pourquoi ne pas les voir en grand ?
On apprend de là qu’en fait, il faut tout demander à Dieu. Parfois, on n’ose pas faire cela, parce qu’on ne se sent pas assez méritants. Mais en vérité, Dieu est prêt à tout donner, mais Il attend que nous le Lui demandions.
Lorsqu’on est dans la misère et dans la souffrance, on demande. Contrairement au cas où on n’a pas de besoin particulier.
Et c’est peut-être pour cela que D. a attendu que les Bné Israël souffrent en Égypte. Car, durant toutes ces longues années d’esclavage, il est possible que certains Bné Israël se soient habitués à leur situation au point de ne pas vouloir qu’elle change, et donc de ne pas demander à Dieu autre chose que ce qu’ils avaient déjà.
Celui qui sent bien et épanoui dans sa situation ne va pas demander à Dieu d’améliorer celle-ci. Il ne sait pas qu’en fait, il peut y avoir un monde meilleur. Nous-mêmes n’imaginons pas ce que serait le monde avec le Machia’h. Et en Israël, on ne prie pas tellement pour le manque de pluie, car on n’y est pas assez sensible. On n’est pas spécialement dérangé par la situation actuelle, et on ne cherche donc pas à la changer.
Une fois, le Baal Chem Tov a été reçu par un homme pauvre. Il s’est installé chez lui pendant une semaine, à tel point qu’à un moment, le pauvre n’avait plus de quoi le nourrir et a emprunté de l’argent à ses voisins. Mais le Rav n’avait pas l’intention de partir de sitôt… Il est resté chez le pauvre plus d’un mois, et celui-ci empruntait de l’argent à toute la ville pour pouvoir le nourrir… Jusqu’à ce qu’à un moment, le président de la communauté est allé en personne voir le Baal Chem Tov, et lui dire: « Excusez-moi, mais votre hôte n’a pas assez d’argent. Il en emprunte à tout le monde et s’endette… Par conséquent, pourriez-vous quitter sa maison ? ». Le Baal Chem Tov répondit: « Mon fils, je connais très bien la situation financière de cet homme, et c’est justement pour cela que je suis venu chez lui. Car je sais que dans le Ciel, on a décidé qu’il aurait un grand trésor. Mais comme il ne le demande pas, il ne le reçoit pas. J’ai donc voulu le mettre dans une situation où il va prier D.de l’aider financièrement, pour qu’il puisse recevoir ce trésor. C’est pourquoi j’ai fait en sorte qu’il s’endette. Car lorsqu’il n’aura pas de quoi rembourser ses dettes, il va prier D. de lui venir en aide! Et il recevra alors le trésor qui l’attend… ».
De cette histoire, nous apprenons non seulement que pour recevoir, il faut demander (comme nous l’avons déjà vu précédemment). Mais aussi que ce n’est que lorsqu’on ressent un manque qu’on prie.
Lorsqu’on a besoin d’une chose, demandons-là! Demandons le maximum, sans se limiter! Demandons non seulement un travail, mais aussi un bon travail ! Demandons la richesse non seulement pour nous-mêmes (pour subvenir à nos propres besoins) mais aussi pour les autres (pour pouvoir les aider) ! Il faut voir large, sinon on reste petit…