Souccot : la fête des symboles
Il est écrit vous prendrez… du fruit de l’arbre hadar, des branches de palmier, des rameaux de myrte et des branches de saules de rivière ; et vous vous réjouirez, en présence de l’Éternel votre Dieu, pendant sept jours.
La fête de souccot succède aux jours redoutables. Elle draine dans son sillage des mitsvot à la symbolique très forte. La soucca incarne la confiance en D-ieu. Le Zohar la nomme d’ailleurs : « l’ombre de confiance ». Les quatre espèces, quant à elles, symbolisent l’unité dans la joie. Le midrach enseigne (vayikra Rabba 30 : 11) : « le (étrog) fruit d’un arbre magnifique symbolise le peuple juif. De même que le étrog a un bon goût et une bonne odeur, ainsi Israël a en son sein des hommes qui associent la Torah et les bonnes actions.
Les branches de palmier symbolisent également le peuple juif. De même que le palmier a un goût, mais pas d’odeur, ainsi Israël a en son sein des individus qui possèdent la Torah, mais pas les bonnes actions.
Et les hadassim (myrte) sont aussi symbole du peuple juif, car de même que le myrte a une bonne odeur, mais n’a pas de goût, ainsi Israël a en son sein des hommes qui ont des bonnes actions à leur actif, mais pas la Torah.
Les saules des ruisseaux symbolisent également le peuple juif, car de même que le saule n’a ni goût, ni odeur, ainsi Israël a en son sein des individus qui n’ont à leur actif ni Torah, ni bonnes actions. Que fait le Saint, béni soit-Il, avec ce type de personnes ? Il est impossible de les détruire. Mais, dit le Saint, béni soit-Il, attachez-les tous en un bouquet et ils expieront les uns pour les autres. »
Le midrach déclare que lier les Quatre espèces est un acte symbolique consistant à réunir tous les différents types de Juifs en une seule entité.
Pourquoi ces symboles à Souccot ?
On peut s’interroger quant à présence de tous ces symboles durant Souccot. Selon nos sages, la fête de Souccot est le temps de notre joie. Le Talmud enseigne que celui qui n’a pas assisté à la Sim‘hat Beth HaChoéva de Souccot, la cérémonie de libation d’eau au Beth Hamikdach (Temple), n’a jamais expérimenté́ de vraie joie ! Cette joie est liée à l’engrangement des récoltes. Cependant, la joie particulière de Souccot vient juste après les jours de jugement et de pardon des fautes… La plus grande joie est celle d’être purifié de la faute ! Nous nous présentons joyeux devant Hachem afin de lui exprimer notre reconnaissance. Nous ne pouvons pas le faire sans confiance et sans unité. Car notre vie et celle du peuple d’Israël dépendent de la confiance en Hachem et de l’unité.
Au sortir de Yom Kippour, une nouvelle année s’offre à nous. C’est le moment adéquat pour se rappeler les piliers judaïsme en général, et de la vie juive en particulier. Nous prenons nos biens matériels et les mettons sous la Soucca. Nous résidons sous la Soucca comme dans le plus beau des palaces. Nous déclarons ainsi le caractère éphémère des richesses de ce monde, mais surtout notre conscience que tout provient d’Hachem. Nous siégeons en toute quiétude sous un amas de branchages, car Hachem nous protège. Nous avons confiance et nous prions que cette confiance nous accompagne tout au long de l’année. Le système Divin est un système où tout n’est que miracle et intervention comme l’affirme Nahmanide. Combien belle est notre part. Hachem vieille sur nous et pourvoit à tous nos besoins. Il ne nous demande rien en échange si ce n’est de lui accorder notre entière confiance. Souccot est une déclaration, et un témoignage de cette confiance.
Les Quatre espèces nous rappellent que chacun à un rôle dans le plan Divin et a sa place dans le peuple d’Israël. Il ne faut dénigrer personne. Les juifs les plus éloignés sont parfois les plus proches. D-ieu seul connaît la valeur de chacun. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille apprendre des mauvaises actions d’autrui ou s’engager dans ses voies tortueuses. Mais certains des mérites des juifs les plus éloignés dépassent parfois l’entendement. C’est pour cela qu’il demeure lié au peuple d’Israël comme cette espèce sans goût, ni odeur. Le Talmud raconte à ce sujet qu’une sécheresse éclata à l’époque de Rabbi Abahou. Malgré les prières des justes, la pluie ne vint pas. Rabbi Abahou fit alors un rêve. On lui disait que seule la prière d’un certain Pentekaka amènerait la pluie. Rabbi Abahou envoya des émissaires chez ce dernier. Une fois devant rabbi Abahou, Pentekaka avoua qu’il était un méchant de la pire espèce. Rabbi Abahou lui demanda alors s’il avait au moins une bonne action. Pentekaka répondit qu’une fois une femme désespérée lui proposa de se vendre afin de payer la caution de son mari. En guise de réponse, il vendit une partie de ses biens. Il utilisa la totalité de la recette pour libérer l’époux de cette femme. Rabbi Abahou lui dit alors : c’est par le mérite de ta prière que la pluie viendra.
Le Maharal explique que lorsque les fauteurs décident de soumettre à D-ieu, cela dépasse le niveau des justes.
Nos sages disent à ce sujet (Kritout 6b) : « tout jeûne public auquel ne participent pas des fauteurs n’est pas un jeûne. »
L’union du peuple d’Israël est sa véritable force. C’est un parapet contre toutes les agressions et les accusations.
Les maîtres de la Hassidout enseignent que nous devons associer le fauteur aux moments de sanctification pour le rapprocher d’Hachem. En d’autres termes, on ne doit pas s’aménager son petit Olam Haba, sans se soucier des autres. Le juste doit tendre la main à son fier juif et le rapprocher de la Torah. Le rav Israël Salanter dit une fois au Saba de Novardok : « De nos jours, il est interdit d’être un juste caché, tsadik nistar. »
On raconte que ces paroles persuadèrent le Saba à sortir de retraite pour s’occuper de ses frères juifs. Soucca, à travers les quatre espèces, mais pas uniquement, nous invite à tendre la main aux pauvres spirituels.
Durant Souccot, nous célébrons donc la nouvelle année dans la confiance et l’unité.
Qu’Hachem remplisse cette année et les suivantes de joie, ainsi que de prospérité.