Tout ce qui existe a une connotation spirituelle
Réflexion sur les trois semaines de deuil par Yossef Aflalo
Un verset de la Torah enjoint l’homme, avant de partir en guerre, à se munir d’un pieu, qui lui permettra de creuser un trou à l’intérieur duquel il déversera ses excréments, et de pouvoir ensuite les recouvrir de terre.
Les Sages vont pourtant avoir une autre interprétation de ce verset de la Torah : Bar Kapara et Rabbi Elazar vont tous deux comparer ce pieu au doigt de la main, et affirmer que le doigt de l’homme est destiné à boucher l’orifice de l’oreille, évitant ainsi l’écoute de lachone hara.
Pourtant, il semble bien, à première vue, que les fonctions primordiales du doigt soient purement mécaniques, permettant par exemple de pénétrer dans des endroits étroits, de façonner des objets, de saisir des instruments etc…
Mais les Sages ont un tout autre regard sur la fonction du doigt : celui-ci servirait à se prémunir, à se protéger, de l’interdit d’écouter du lachone hara.
Le prophète Jérémie, après la destruction du Temple, se lamente en disant : « Les routes de Sion sont en deuil. Personne ne se rend à ses solennités, toutes ses portes sont en ruines, Jérusalem est abreuvée d’amertume. »
Nous répétons ces versets chaque année à Ticha Béav. Mais ressentons-nous vraiment la douleur et la perte considérable que représente la destruction du Temple, pendant que nous nous promenons aujourd’hui tranquillement et sillonnons les routes de Jérusalem, sans ressentir la moindre affliction ?
Les textes et prières que nous étudions et récitons ne sont pas destinés à une simple lecture. Ils doivent avant tout être médités, pénétrer en chacun d’entre nous, et nous faire revivre les événements avec la même intensité qu’au moment où ils se sont déroulés.
Les Sages ont une vision spirituelle des événements se produisant dans le monde. Tout comme le doigt de la main qui dépasse sa simple fonction mécanique, nous devons nous aussi comprendre que chaque chose, chaque événement de la vie, a une connotation spirituelle.
Il en va de même pour le Temple : tant que nous n’aurons pas pris conscience de la grandeur qu’il représente, nous continuerons à vivre en exil.
Seule une réflexion profonde des textes de nos Sages pourra nous amener à une compréhension spirituelle des événements de notre vie.