י׳ בכסלו ה׳תשפ״ה

Chavouot : la Torah, pourquoi nous ?

Chavouot : la Torah, pourquoi nous ?

S’agissant de donner d’Israël une définition exacte, le Targum emploie l’expression, aujourd’hui classique, de « peuple qui reçoit la Torah » ; Il faudrait pouvoir, avec toute la fraîcheur et l’étonnement d’une première lecture, recevoir le choc de cette formule surprenante. N’est-il pas plus adéquat de parler d’observance et de pratique pour décrire l’engagement à l’égard d’une loi, l’organisation de la vie sociale et individuelle selon les instructions d’un système juridique ?

Cette réception de la loi indiquée au temps présent pour signifier l’exigence d’une actualisation constante, a nécessité une donation que la tradition perçoit comme une véritable révolution des structures de la création.

Donner la Torah aux hommes relèverait du pur scandale ! Un apologue talmudique dit fort bien la chose : Moïse était ‘monté dans les cieux’ pour recevoir la Torah. Mais les créatures célestes s’opposent vigoureusement à une telle humiliation. L’être humain n’a pas de place parmi nous.

Moïse tremblant recule car il ne sait que répondre à un argument d’une telle puissance ; Il n’en faut pas moins que l’intervention du Saint-béni-soit-Il pour lui permettre de surmonter l’obstacle. Accroche-toi à mon siège et réponds.

Rassuré, Moïse répond : « La Torah s’adresse à un peuple qui a subi l’esclavage en Egypte. Elle prescrit de cesser toute activité le jour du Shabbat, exige le respect des parents, interdit le vol et le meurtre. Vous, créatures célestes, n’avez ni père ni mère, vous ne connaissez pas le meurtre ou le vol, vous ne pouvez donc avoir une quelconque prétention à détenir la Torah. »

Argument décisif qui emporte l’adhésion générale et permet à Moïse de retourner sur terre avec la Torah (Traité Shabbat 88).

Étrange dialogue ! D’autant plus que l’argument final semble évident. Pourquoi refuser de donner aux hommes une Torah qui parle de leur histoire et contient une loi qui manifestement s’adresse à eux ?

Quiconque a pu pénétrer tant soit peu l’univers de la Torah sait que celle-ci ne se résume pas à une loi qui réglerait la vie des hommes.

 

 

Livre de Vérité

Je n’entends pas simplement opposer la connaissance à l’action, souligner que la Torah, livre de Vérité, enseigne autant qu’elle n’ordonne. La distinction entre l’orthodoxie et l’ortopraxie doit être dépassée parce qu’en définitive l’enjeu de la Torah les dépasse toutes deux.

Ni la sensibilité ni le seul geste de la raison ne permettent d’appréhender autre chose que la structure extérieure, l’écorce du réel. La vérité de l’être, irréductible aux seules manifestations de la matière, à son rythme et à ses règles, réside dans la volonté du Créateur.

Il ne suffit pas de dire que D.ieu dirige l’univers et décide du déroulement de l’histoire pour dire sa présence dans le monde. Il faut plutôt affirmer que la volonté divine constitue l’unique réalité des choses.

En exprimant l’ordre de cette volonté créatrice, la Torah ne communique donc pas une loi mais révèle l’intériorité du monde. Les choses telles qu’elles s’offrent à notre sensibilité ne sont en définitives qu’une image d’une réalité supérieure vers laquelle elles font signe. Quiconque cherche l’assurance d’une réalité palpable et visible, la certitude d’une existence solidement fixée sur le sol se ferme l’accès à la Torah.

Mais qui ne sait pas que le réel ne se résume pas aux phénomènes tangibles et mesurables. La science nous a déjà familiarisés à ce principe en démontrant l’existence d’un ordre qui échappe à la sensibilité.

La vision microscopique de la matière n’atteste-t-elle pas de la présence de tout un système de vie insoupçonnable qui se déroule sous nos yeux aveugles ?
Fonctionnant comme une simple image, ces perspectives ouvertes avec le développement des techniques modernes peuvent permettre de comprendre que le réel du monde se situe par delà la sensibilité.

Le monde de la sensibilité

Recevoir la Torah ce n’est donc pas accepter un code de loi quelle que soit la dignité de son auteur. C’est inscrire son existence dans cette dimension de hauteur où se trame le réel.

Mais l’homme, être humain, habitant du monde de la sensibilité peut-il vraiment espérer se hausser à de telles hauteurs. Moïse qui a pu ‘monter dans les cieux’ c’est-à-dire inscrire sa vie dans cette dimension va devoir prouver la possibilité d’une telle gageure. La Torah a précédé la création du monde, lui oppose-t-on, faisant valoir ainsi la hauteur de la dimension de l’être que celle-ci recèle et exprime.

Moïse saisit le siège céleste avant de répondre aux anges. Geste étrange qui semble nous condamner à l’imagerie angélique. Mais ne faut-il pas de façon moins ingénue entendre dans cette gestuelle tout le tranchant de sa réponse. La Torah qui relève de l’en-Haut ne parle que d’actions à même la terre.

Expression de la volonté la plus haute elle se donne toutefois à travers une loi qui régit faits et gestes d’un homme en prise avec le monde de la sensibilité.

Mais cet homme dont les pieds épousent les aspérités du sol atteint le siège céleste, pure hauteur inaccessible à toute autre créature. Stature infinie du corps adamique !

La Michna énumère les quarante-huit modalités d’existence nécessaires à l’acquisition de la Torah. La plupart d’entre elles n’ont pas ou peu d’importance lorsqu’il s’agit de pénétrer une science, d’assimiler des connaissances. Mais elles sont indispensables à qui veut recevoir la Torah c’est-à-dire se hausser à une autre dimension d’existence, se rattacher à la hauteur de la volonté divine.

L’audace de monter au ciel

L’immensité de la tache peut décourager. Qui peut prétendre pouvoir ‘monter au ciel’, qui aurait l’audace de répondre d’une responsabilité dont pourtant chacun de nous est chargé ?

Seul notre attachement aux Maîtres d’Israël permet de répondre d’un tel engagement. Les sujets juifs appartiennent à Israël, c’est-à-dire qu’ils s’inscrivent dans une réalité unique puisqu’ils participent tous à la stature adamique. La réception au mont Sinaï de la Thora par Moïse se perpétue par la transmission de maîtres à élèves tel que nous l’enseigne les Pirké Avoth.

La présence en Israël des « élèves de Moïse » dans les centres d’étude, qui, chacun à leur niveau, inscrivent leur vie dans l’espace de la Torah, garantit à tous la possibilité d’inscrire son existence dans une dimension spirituelle.

Texte inspiré des Dvar Torah du Rav Chalom Bettan

Plus d’articles sur : www.universtorah.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Aller au contenu principal
Espace Torah

GRATUIT
VOIR