Dépasser ses limites à Roch Hachana
(D’après un enseignement de Rav Pinkus zatsal)
Roch Hachana est appelé Roch (la tête) alors que les trois autres fêtes (Pessa’h, Chavouot et Soukkot – les régalim) sont appelés évarim (membres).
La différence entre Roch Hachana et les chaloch régalim est la même que celle qui existe entre la tête et les autres membres du corps : les capacités de ce dernier (celles du pied, de la main etc…) sont très limitées, alors que celles de la tête sont illimitées. En effet:
-l’oreille, par exemple, entend très loin;
-l’œil peut voir jusqu’à des années lumière;
-notre intellect peut, en un instant atteindre le trône céleste.
A ce propos, la Guemara ‘Haguiga dit:
-que la distance entre la terre et le trône céleste est de plusieurs dizaines de milliers d’années ;
-et qu’un Juif, en disant « Ana Hachem hochia na » va, grâce à son intellect, s’attacher à Dieu; et, au même moment, atteindre le kissé hakavod (trône céleste).
C’est ce que dit le Rambam dans le Moré Névoukhim: si un homme pense à Dieu, alors il s’attache à Dieu.
Roch Hachana s’appelle Roch, parce qu’il a les capacités de Roch, c’est-à-dire des capacités illimitées.
C’est le sens du jour de Roch Hachana, un jour où l’homme a la possibilité de dépasser ses limites.
Cette surpuissance est due au fait que Roch Hachana est le jour de la création du monde. En réalité, Roch Hachana n’est pas le jour de la création du monde, mais celui de la création de l’homme. Cependant, puisque l’homme est l’essentiel de la création, on considère que Roch Hachana est le jour de la création du monde.
Roch Hachana est le jour où l’homme a été investi de capacités infinies. Le lendemain, après la faute, Adam n’était déjà plus le même que la veille:
-à Roch Hachana, il est écrit « komato hayeta méhaarets ´ad laraki’a » ; Adam englobait l’univers, sa dimension spirituelle était infinie ;
-après la faute, sa dimension a été diminuée de cent amot, pour atteindre notre hauteur d’aujourd’hui.
Le premier jour de sa création, Adam harishone avait une dimension spirituelle infinie, et un pouvoir de perception et d’appréhension du monde illimités.Sa dimension spirituelle était telle que la moindre faute, le moindre faux pas, était destructeur. En un instant, Adam a détruit le monde. A l’inverse, s’il avait résisté, il aurait réparé les 6000 ans d’existence du monde en nous conduisant à sa finalité. Ainsi, il aurait amené la délivrance.
Roch Hachana est l’occasion donnée à l’homme de retrouver exactement les capacités qu’Adam harishone avait le jour de sa création. L’homme peut, le jour de Roch Hachana, détruire ou construire le monde.
Roch Hachana est un jour où il n’y a ni obstacles ni limites, un jour où notre capacité d’action est illimitée. En effet, Il est écrit dans la Guemara Yébamot que Sara Iménou était aylonit, c’est-à-dire dans l’incapacité absolue d’enfanter. Pourtant, elle est tombée enceinte précisément le jour de Roch Hachana. Car en ce jour, il n’y a ni limites, ni barrières ; il est possible d’être mé’hadesh yéch méayin, de créer à partir du néant.
L’essence de Roch Hachana c’est la hit’hadeshout, la capacité de créer yéch méayin, de créer des kélim qui nous font défaut les autres jours de l’année.
Ce qui nous donne cette capacité de hit’hadeshout et de briser tous les obstacles, ce sont les treize attributs de miséricorde. Ces treize attributs sont la source du renouvellement du monde. RIEN ne peut s’opposer à eux !
Les treize attributs ont le pouvoir de pardonner même la faute du veau d’or.
Roch Hachana est un jour de ´hessed et de ra’hamim illimitées.
Roch Hachana est également appelé Yom hazikarone (le jour du souvenir). Mais de quel souvenir parle-t-on ? Du souvenir que Dieu a de l’homme et de ses bonnes actions. À Roch Hachana, l’homme se trouve ainsi dans la mémoire de Dieu. C’est la raison pour laquelle, à Roch Hachana, Dieu va donner à l’homme la possibilité de briser tous les obstacles qui se dressent devant lui.
Même si, durant tout le reste de l’année, il est presque impossible de changer, à Roch Hachana l’homme pourra plus facilement faire téchouva et se transformer. C’est cela la ségoula de Roch Hachana : à Roch Hachana, tout recommence depuis le début ; il est possible de changer, de se transformer. Tout le monde est concerné par cela : le batlane peut devenir matmid, quelqu’un d’assidu. La raison pour laquelle nous ne changeons pas, c’est parce qu’on n’y croit pas. Et c’est cela notre travail en ces jours: changer. Ceci peut se faire à travers la ‘avoda (la téfila), et principalement à travers les treize attributs de miséricorde.
Roch Hachana est un jour de Roch, de capacités illimitées, comme celles d’Adam harishone avant la faute. Il est la possibilité de créer un monde nouveau.