La maîtrise de soi
Le hamets, dans toute sa diversité de produits, symbolise les motarot (le surplus, l’excédent) ; le yétser hara, nous disent les Hakhamim.
La matsa, par contre, qui est un lé’hem ‘oni (pain de misère), symbolise plutôt la histapkout (le contentement, la suffisance, le fait de se satisfaire de peu).
La question qui se pose bien sûr, est: si on doit s’éloigner du hamets à Pessah, si ce hamets est tellement négatif, pourquoi en consomme-t-on toute l’année ? Et, d’un autre côté, si ce hamets est permis à l’utilisation toute l’année, pourquoi s’en abstenir pendant Pessah ?
On peut apporter une réponse à travers cette parabole:
Un jour, un policier arrêta un voleur, et l’attacha avec des menottes. La scène se déroulait publiquement, et le voleur était confus. Se sentant humilié, le voleur commença à dire: « Croyez-vous que je suis lié à ce policier ? Et bien pas du tout! C’est lui qui est lié à moi ! ». Les passants ont commencé à rire, et lui ont dit: « Si ce que tu dit est vrai, alors essaye de te séparer de lui et prouve que tu as raison! »
Ici, le message est clair: il est tout-à-fait permis de profiter de l’excédent de la vie, des pinoukim (gâteries), et donc du hamets. Mais à une seule condition: que nous ne soyons pas esclaves de ce hamets, que nous ne soyons pas asservis à lui; que nous soyons toujours capables de le dominer.
Quelle est la véritable épreuve ?
L’épreuve consiste à prouver à soi-même que nous sommes capables pendant une semaine (pendant toute la durée de Pessah) de nous abstenir du hamets, qui symbolise cet excédent. Nous devons prouver que nous sommes nous les maîtres, les propriétaires de notre propre décision ; que nous ne sommes pas manipulés par l’extérieur.
On raconte à ce propos que le tsadik de Gour fumait. Voilà qu’un jour il décide de s’arrêter. Tout le monde connaissait le tsadik de Gour comme un personnage ayant la maîtrise de soi. Mais voilà que quelques jours passent, et le tsadik recommence à fumer! Cela n’a pas manqué de susciter l’étonnement de tous les élèves. On alla interroger le tsadik, qui a répondu: »De même que je suis capable d’arrêter, j’ai aussi la capacité de commencer ».
Ce qui importe, c’est d’être maître de sa décision à tout instant: être capable de s’arrêter, être capable de commencer. Mais en aucun cas nous ne devons être manipulés par les événements extérieurs.
On raconte également que le Sabba de Kélem zékher tsadik livrakha hésitait à ouvrir une Yéchiva. Il alla consulter Rav Israël de Salant, qui lui répondit: « Si tu es capable de fermer, si tu as cette capacité à tout instant de pouvoir fermer, alors tu peux ouvrir. Ce qui importe, c’est d’être toujours maître de sa décision, et de ne jamais être manipulé par l’extérieur ».
L’histoire raconte que le Sabba de Kelem a ouvert sa Yéchiva ; et, quelques semaines plus tard, suite à des difficultés économiques, il n’a pas hésité à la fermer.
S’abstenir de hamets à Pessah, c’est finalement prouver que nous avons la maîtrise de nous-mêmes et que nous ne sommes en aucun cas manipulés par des événements.