Le Chaos Primordial dans la Création
Le « téhom » (l’abîme) mentionné dans le récit de la création dans la Torah représente un concept profond et symbolique. Dans les versets du début de la Genèse, il est dit que la terre était « Tohou Vavohou » (chaos et vide) et que l’obscurité couvrait « le téhom ». Ce passage évoque une situation de chaos primordial, d’obscurité profonde, et d’informe, avant que Dieu n’intervienne pour mettre de l’ordre dans ce désordre initial.
Le « téhom » peut être compris comme un abîme, une profondeur insondable, qui symbolise l’état d’indifférenciation avant l’acte créateur. C’est un niveau de réalité où les potentialités sont présentes, mais encore non organisées, non formées. Dans cette perspective, la création est vue comme un processus de mise en ordre, de structuration de ce qui est informe, de donner de la forme et du sens à ce qui était chaotique.
Les quatre termes utilisés — « Tohou » (chaos), « Vohou » (vide), « Khosher » (obscurité), et « Téhom » (abîme) — représentent des niveaux différents d’informe et de désordre qui préexistent à l’acte créateur. Ils montrent que la création est un processus qui implique d’abord la reconnaissance de l’existence du chaos, puis sa transformation en un monde ordonné, structuré et plein de sens.
Dans une interprétation plus symbolique et personnelle, ces termes peuvent aussi être vus comme des étapes dans le processus créatif humain : le besoin de s’étonner (Tohou), de remettre en question et déstabiliser (Bohou), de faire face à l’obscurité et à l’inconnu (Khosher), et enfin, d’affronter l’abîme de l’indifférenciation (Téhom) pour donner naissance à quelque chose de nouveau et de significatif.
Cours de Rav Nathan Mrejen