Dans toutes les écoles juives , ou du moins dans la plupart d’entre elles, le livre de Vayikra est le premier étudié par les enfants, et il y a à cela plusieurs raisons:
– Les ‘Hakhamim ont dit: « Que viennent les téhorim (les purs, c’est-à-dire ici: les jeunes enfants qui n’ont jamais fauté) et qu’ils s’occupent des téhorim (c’est-à-dire ici de l’étude du livre de Vayikra, qui parle de ce qui purifie, c’est-à-dire des sacrifices);
– Le Kéli Yakar rappelle que le premier mot du livre de Vayikra est écrit avec un petit א, car les petits enfants, qui apprennent à lire le א-ב, étudient en premier livre de Torah le livre de Vayikra;
Un Rav disait que celui qui veut s’occuper d’éducation doit faire des sacrifices.
L’histoire qui va suivre montre combien de gens ont parfois été prêts à se sacrifier pour l’éducation:
A des fiançailles, le jeune fiancé prit la parole, et il commença à remercier tout ceux qui lui avaient permis d’arriver là où il se trouvait à présent.
Il remercia ses parents, ses amis, et annonça qu’il voulait remercier une personne à laquelle il devait toute sa Torah; une personne sans laquelle il ne serait pas le bon ba’hour (jeune homme) qu’il était devenu. Il s’agissait d’un de ses professeurs de primaire, au sujet duquel il dit notamment: « Sans lui, je n’aurais pas été le juif religieux que je suis aujourd’hui ».
Les gens qui écoutaient le discours se demandaient ce que l’enseignant avait fait de si particulier. Et le jeune-homme expliqua: « Lorsque j’étais petit, un de mes camarades de classe avait reçu une très belle montre en cadeau d’anniversaire. Et moi j’avais, bien évidement, envie d’essayer cette montre magnifique, qui était pleine de couleurs et faisait plein de bruit…
Avant de descendre en récréation, mon camarade laissa sa montre sur son bureau; et moi, j’en profita pour… la mettre dans ma poche.
A son retour en classe, mon camarade remarqua que son beau cadeau avait disparu, et il alla s’en plaindre au professeur.
Celui-ci nous demanda alors si l’un d’entre nous avait vu la montre. Mais comme personne ne répondit, il nous avertit qu’il allait devoir fouiller nos poches… Il nous demanda de nous aligner contre le mur, et il passa nous fouiller l’un après l’autre, pour voir si la montre se trouvait dans la poche de l’un d’entre nous. Lorsque mon tour arriva, je tremblais de tout mes membres, et je commençais à suer à grosses gouttes: comment allait réagir mon professeur lorsqu’il constaterait que la montre était bien dans ma poche ?
Il allait sûrement me crier ou me punir sévèrement, car j’avais vraiment fait quelque chose de grave en volant la montre de mon ami… Sans parler de la honte qui s’ensuivrait pour moi, lorsque mes copains et mes parents apprendraient ce que j’avais fait…
Mais finalement, le professeur ne dit pas un mot.
Discrètement et sans rien dire, il prit la montre et la mit dans sa poche. Il continua à fouiller les autres élèves et, lorsque tous les élèves avaient été fouillés, il annonça: « Je sais qui a pris la montre. Il n’a pas fait exprès, il ne savait pas que c’était grave.
Maintenant, je vais rendre la montre à son propriétaire, et je ne vais pas révéler le nom de celui qui l’a prise. Mais je veux qu’il apprenne à ne plus prendre les choses sans permission ».
Sachez que c’est grâce à ce professeur que j’ai pu continuer à étudier la Torah!
Car effectivement, s’il avait raconté devant tout le monde ce qu’il s’était passé, j’en aurais eu tellement honte que j’aurais dû m’en aller. S’il m’avait ridiculisé en public, j’aurais dû quitter l’école, et même le quartier, car on m’aurait sans cesse traité de voleur. A cet âge où les enfants aiment bien se taquiner, qui sait si je n’aurais pas dû même quitter la ville ? Et Dieu sait ce que je serais alors devenu…
C’est donc grâce à mon professeur qui a su me respecter que je suis resté un homme, un ben Torah. »
Nous voyons ici le sacrifice d’un professeur qui a su retenir sa langue pour sauver un enfant, et les immenses effets positifs qui en ont découlé. Sachons donc, nous aussi, faire tous les efforts nécessaires pour prendre soin des petits trésors qu’Hachem nous a confiés.
Lorsqu’un enfant entre de l’école, il a besoin de trouver chez lui de la chaleur et de la sérénité, pour « décompresser » de toutes les tensions subies au cours de la journée (lors de disputes avec des camarades, par exemple).
Ceci lui permettra de devenir un homme très important, un Gadol hador; ou au moins un vrai ben Torah, un vrai ben Israël.