Dans la paracha de Ki-Tissa, la Torah nous parle de la faute du Veau d’or. Cette dernière est incroyable. En effet, comment est-il possible qu’à peine quelques jours après avoir reçu la Torah, le peuple d’Israël se tourne vers une statue d’or pour s’y prosterner ? C’est extrêmement surprenant et bouleversant.
Cependant, en analysant les versets qui parlent de cette faute, cette dernière nous apparaît comme étant l’expression d’une crise d’angoisse que les Bené Israël ont eu parce que, ne voyant pas Moché revenir, ils se demandent s’il a disparu. Ils veulent alors un intermédiaire. Ils ne renient pas Dieu, mais cherchent à faire une chose qui jouera un peu le rôle et la fonction de Moché.
Même si ce qu’ils ont fait est interdit, il est quand-même intéressant de l’analyser. Et, pour l’instant, la faute du Veau d’or semble donc provenir d’un sentiment d’angoisse.
Cependant, nous voyons que le lendemain du jour où ils ont fait le Veau d’or, les Bené Israël lui offrent des sacrifices de Ola et de Chelamim, puis ils s’installent pour manger et rire. Le mot « rire (לצחק) » employé ici est un euphémisme pour traduire « Ils se sont livrés à l’orgie ».
Nos maîtres font remarquer que les Bené Israël ont d’abord commencé à faire des korbanot Ola (c’est-à-dire des sacrifices qui étaient entièrement consumés) puis des korbanot Chelamim (c’est-à-dire des sacrifices dont une partie pouvait être mangée par les personnes qui les avaient amenés). La démarche des Bené Israël a donc été progressive:
-au début, ils ont voulu n’agir que pour Dieu, que לשם שמים, que pour le futur spirituel du peuple d’Israël ;
-ensuite, ils ont offert des korbanot Chelamim, c’est-à-dire des sacrifices qui n’étaient plus totalement pour Dieu mais dont ils allaient eux aussi manger une partie ;
-puis ils ont agi totalement pour eux-mêmes et aucunement pour Dieu, en s’installant mangeant, buvant, et en pratiquant l’immoralité.
En faisant le Veau d’or, les Bené Israël ont donc cherché à s’affranchir du divin pour faire ce qu’eux-mêmes voulaient. Mais, au début, ils n’ont pas voulu s’avouer cette motivation. Ils se disaient donc qu’ils agissaient pour Dieu.
De même, il y a des gens qui choisissent de mettre de côté certaines mitsvot de la Torah, en se disant que sans cela, certains n’accéderaient pas au Judaïsme. Ils pensent alors agir pour Dieu. Mais, au bout d’un moment, il devient clair qu’ils agissaient en fait pour eux-mêmes, dans leur propre intérêt. Pas du tout pour Dieu mais, au contraire, pour s’affranchir de Sa loi.
Ceci ressemble à des personnes qui, lorsqu’elles jouaient aux fléchettes, avaient toujours 100. Pour une raison très simple: parce qu’elles tirent d’abord leur fléchette sur le mur, et ce n’est qu’ensuite qu’elles dessinent autour de la flèche un rond dans lequel elles écrivent 100. Elles reconstruisent la loi selon leur désirs, leurs appétits, leurs envies.
Parfois, nos intentions nous semblent pures. Mais si nous sommes lucides, nous réalisons parfois que ce sont des intérêts beaucoup plus petits et mesquins qui guident nos mouvements; seulement, nous ne voulons pas nous l’avouer.
La faute du Veau d’or nous rappelle de faire attention à ce genre de choses.