L’IDOLÂTRIE EXISTE T-ELLE AUJOURD’HUI ?
Vie juive – pensée juive
Par Yossef Aflalo
Nos pères étaient autrefois des adorateurs d’idoles, des idolâtres. Mais comment est-ce possible ? Même un jeune enfant ne peut accepter l’idée de se prosterner devant une idole inerte en bois, en pierre ou en métal, et de lui octroyer un pouvoir sur la création.
Afin de comprendre, il faut au préalable redéfinir le terme d’avoda zara ou idolâtrie, et lui attribuer un champ de définition beaucoup plus vaste.
D.ieu a créé dans le monde une multitude de désirs, de tentations et d’énergies négatives.
Les deux mille premières années ont été marquées par un engouement pour la avoda zara. L’humanité entière était attirée par le champ magnétique de l’idolâtrie et soumise à son pouvoir d’attraction.
Les adorateurs du soleil et des astres ont fini par oublier que ceux-ci n’étaient que des serviteurs du Maître du monde, créés par Sa parole, à son service. Les idolâtres ont cru que le soleil était D.ieu Lui-même.
A ce propos, au début du récit de la Genèse, le soleil est appelé « המאור הגדול (le grand luminaire) ». Par la suite, son nom va se transformer en שמש (chémèche), qui peut également se lire chamache (serviteur). Ceci pour nous rappeler que le soleil est au service du créateur, et qu’il n’est pas le D.ieu créateur.
A la fin de la période du deuxième Temple, la Grande Assemblée va prier et mettre fin à l’idolâtrie, à son pouvoir ravageur de destruction qui sévissait sur le peuple juif.
Pourtant, une question se pose : si l’idolâtrie a rendu son dernier soupir à cette époque, pourquoi l’interdit de l’idolâtrie est-il mentionné dans la Torah ?
Tout porte à croire qu’elle n’a donc pas disparu, et qu’aujourd’hui encore, elle se dissimule et s’exprime de manière différente, en se parant d’un masque qui la rend invisible.
La Torah rapporte que Yaacov a demandé à l’ange d’Essav, après leur confrontation, de lui décliner son identité. Car le nom est le révélateur de l’essence. Il renseigne sur la nature profonde de l’être.
Pour mieux se protéger et se prémunir, Yaacov cherche à identifier son ennemi, et ainsi immuniser les générations futures. Mais l’ange va lui répondre : « Pourquoi me demandes-tu mon nom ? Ne sais-tu pas qu’il change selon la mission que nous avons à accomplir ? ».
En d’autres termes, au temps du premier Temple, l’ange d’Essav se nommait avoda zara. A l’époque du deuxième Temple, il s’appelait la haine gratuite. A d’autres moments, il prendra le nom de philosophie grecque, communisme, réformisme, laïcité etc…
L’ange d’Essav (ou la avoda zara) est actif dans chaque génération. Comme un virus, il se propage et attaque l’homme en tout temps et en tout lieu. Tel un caméléon, il se transforme, change d’aspect et apparaît toujours sous une forme différente.
La avoda zara de notre génération est matérialisée par les centres d’intérêt de l’homme, ses préoccupations, les axes et les objectifs principaux de sa vie : l’argent, les interdits sexuels, la gastronomie, la musique, le sport, les films, les kifs etc…
La fascination que l’homme leur voue et le temps qu’il leur consacre le transforment en un esclave et le plonge dans un état d’inconscience et de somnolence qui lui font oublier le pourquoi de son existence, le sens de sa venue au monde.
L’idolâtrie est toujours en état d’éveil. Invariable, elle traverse le temps et atteint toujours sa cible.
Seule la Torah et les mitsvot ont le pouvoir de limiter ses effets destructeurs.