י׳ בכסלו ה׳תשפ״ה

Nasso : Le nazir, sommet de la création

NASSO – LE NAZIR, SOMMET DE LA CRÉATION
Par Dan Devash

Le vœu de Naziréat est une sorte d’offrande au Ciel où ce qui est offert, c’est Le Nazir lui-même, c’est-à-dire de sa volonté de profiter des plaisirs. Quant au vin, c’est un aliment qui symbolise le superflu, ce qui n’est pas vital, et qui vient surtout pour apporter du plaisir à l’homme (Tehilim 104, 15) :

« Le vin réjouit le cœur de l’Homme »

Le Naziréat devient ainsi l’offrande la plus élevée. Elle est le symbole de l’élévation la plus grande de l’Homme.

1. Le Nazir, consacré à D.
Lorsqu’un individu prend sur lui de devenir Nazir, il
s’interdit, pendant la durée de son Naziréat, de consommer du vin et de se couper les cheveux, dans le but
de maîtriser ces désirs et ses pulsions, comme l’explique
le Midrash :
« Le Nazir s’interdit le vin pour s’éloigner de la débauche et
s’avilit en laissant ses cheveux pousser afin que le Yetser
Hara’ n’ait pas d’emprise sur lui… » (Midrash Raba Nasso 10, 10)
שזה הנזיר אסר עצמו מן היין כדי להרחיק עצמו מן הזימה יגדל
שערו שיתנבל ויצטער כדי שלא יהא יצה »ר קופץ עליו
Il faut aussi que son intention soit pure :
« Le Nazir doit s’abstenir de vin au nom du Ciel (Lishma) »
(Rashi sur Bamidbar 6, 2)
להזיר לה’- להבדיל עצמו מן היין לשם שמים
Autrement dit, le Nazir ne doit pas s’avilir parce qu’il est
déprimé, ni se priver du vin parce ça le vin le rend malade. Il doit le faire avec une volonté sincère :
« Afin de s’éloigner des plaisirs de ce monde pour se rapprocher et appartenir à Hashem » (Torat Moshé 6, 2)
לפרוש מעניני העולם להתקרב ולהיות לה’
Grâce à ces efforts, le Nazir atteint le niveau de sainteté
du Cohen :
… jusqu’à la fin de sa Nézirout il Me sera consacré (Kadosh)
(Bamidbar 6, 5)
עד מלאת הימים אשר יזיר לה’ קדוש יהיה
Et plus encore, selon le Midrash :
« Hashem a dit : ‘Le Nazir est aussi important à Mes yeux que
le Cohen Gadol » (Midrash Raba Nasso 10, 11)
אמר הקדוש ברוך הוא הרי הוא חשוב לפני ככהן גדול
Ainsi, le niveau de proximité avec Hashem atteint par le
Nazir est un des plus élevé qu’un homme peut atteindre.
En effet, en s’avilissant, il s’éloigne de l’orgueil, et en
s’interdisant le vin, il montre sa volonté d’abandonner
les plaisirs la vie matérielle. Par ces choix le Nazir apporte en offrande à Hashem sa volonté naturelle de se
distinguer et de jouir de ce monde, il offre, pour ainsi
dire, sa propre personne. Le Zohar décrit ainsi les efforts
du Nazir :
« Le Nazir a anticipé ses efforts en ce monde pour devenir
saint et que sa sainteté ressemble à celle de Son Maître »
(Zohar Nasso 127a – Soulam 124)
שהקדים בעולם הזה להתקדש בקדושת אדונו

2. Les offrandes au Beth Hamikdash
En réalité, tout juif est concerné par la Kédousha comme
cela est exprimé par le verset :
« Vous deviendrez Kédoshim parce que Je suis Kadosh, Moi
l’Éternel » (Vayikra’ 19,2)
קדשים תהיּו כי קדֹוש אנ יה’
Pour atteindre un tel niveau, le fidèle doit s’élever par
degrés. On peut découvrir ces degrés, en allusion, à travers les symboles des offrandes amenés au Beth Hamikdash, lors des fêtes de pèlerinages. Parmi ces offrandes
on trouve le ’Omer, c’est une gerbe d’orge qui est apportée le second jour de Pessa’h, les ‘’Deux Pains’’ faits
de farine de blé, qui sont apportés à Shavou’ot et les
Bikourim, les prémices, sont les fruits d’Israël qui poussent les premiers sur les arbres et que l’on apporte au
Temple depuis Shavou’ot et jusqu’à Souccot. Voici comment nos Sages expliquent le sens de ces offrandes :
« Rabbi ‘Akiva a dit : ‘La Torah demande : ‘Apportez au
temple le ‘Omer d’orge à Pessa’h’ qui est la période de la
moisson de l’orge, afin que soit bénie votre moisson de blé’.
Elle demande : ‘ Apportez les prémices de votre blé à Shavou’ot qui est la période de la culture des arbres, afin que
soit béni les fruits de l’arbre’ »
(Tossefta Rosh Hashana 1, 12)
אמר רבי עקיבא: אמרה תורה הבא עומר שעורין בפסח שהוא פרק
שעורין כדי שתתברך עליך תבואה הבא בכורי חטים בעצרת שהוא
פרק אילן כדי שיתברכו עליך פירות אילן
Ainsi, l’ordre des offrandes offertes au cours de l’année
hébraïque, suit logiquement l’ordre des récoltes : l’orge
puis le blé et enfin les fruits de l’arbre.
On peut également considérer l’ordre de ces offrandes
sous un autre angle puisque l’orge est un aliment destiné au bétail tandis que le blé est l’aliment de l’homme,
quant aux fruits ils sont le produit de l’arbre des
champs, auquel l’Homme est comparé :
« … car l’Homme est un arbre des champs… » (Devarim 20, 19)
כי האדם עץ השדה
Cette progression qui va du bétail pour finir avec les
fruits de l’arbre semble aussi être liée à l’évolution du
peuple juif au début de son histoire.

3. Le peuple hébreu assimilé à l’animal impur
La gestation du peuple juif a eu lieu en Égypte et a duré
jusqu’à ce qu’Hashem le libère de ce pays :
« Hashem est venu s’approprier un peuple dans les entrailles
d’un autre peuple » (Devarim 4, 34)
לבוא לקחת לו גוי מקרב גוי
Le midrash explique ce verset par cette parabole :
« Hashem a sauvé Israël de la main de l’Égypte … à la manière dont un homme retire le fœtus des entrailles d’une
vache » (Mekhilta Massekhta deVayéhi 6)
ויושע ה’ ביום ההוא את ישראל מיד מצרים… כאדם שהוא שומט את
העובר ממעי הפרה, שנאמר… ‘לקחת לו גוי מקרב גוי’
Israël s’est donc développé en Égypte comme un fœtus
dans le ventre de sa mère, formant un seul corps avec
elle, tout en en étant séparé :
« …Ils descendirent en Égypte et fixèrent leur habitation au
sein d’un peuple à la nuque raide (orgueilleux) qui méprisait
leurs coutumes et qui les dédaignait, refusant de s’unir à eux
et les considérant comme des esclaves… » (Zohar Shemot 15a,
Soulam 250)
ירדו למצרים, לשבת בדירותיהם בתוך עם קשי עורף, המבזים
מנהגיהם, ומבזים אותם מלהתחתן בהם ומלהתערב עמהם, וחשבו
אותם לעבדים
Bien qu’ils aient été repoussés par les égyptiens, les hébreux ont malgré tout adopté leur culture et leur façon
de vivre, comme en témoigne le midrash :
« Les uns comme les autres étaient incirconcis, ils se coiffaient d’une manière arrogante et portaient des vêtements
de composition interdite (Sha’atnez) » (Vayikra Rabba 23,2)
שהיּו אלּו ערלים ואלּו ערלים, אלּו מגדלין בלֹורית ואלּו מגדלין
בלֹורית, אלּו לֹובשי כלאים ואלּו לֹובשי כלאים
De plus, au sujet des égyptiens, le Zohar rapporte :
« Tu ne trouveras pas de nation aussi avilie par ses perversions que celle des égyptiens sur lesquels il est écrit (Yehezkel
23, 20) : ‘ Leur membre est comme celui des ânes et leur flux
ressemble à celui des chevaux… » (Zohar Vayéra 117b)
אין לך אומה מזוהמת בכל טומאה כמו המצרים, דכתיב בהו ‘אשר
בשר חמורים בשרם וזרמת סוסים זרמתם’
Cela signifie donc que les hébreux, en imitant les égyptiens, furent eux aussi soumis à leurs pulsions comme
l’âne et le cheval, des animaux impurs selon la Torah.

4. De l’animal impur à l’animal pur
Les hébreux se dégageront pour la première fois de leur
état juste avant leur sortie de l’Égypte, lorsque Hashem
va exiger d’eux de faire la Brit Mila. Grâce à cette mitzva,
ils quitteront leur état d’animal impur pour passer à
celui d’animal pur, en d’autres termes, ils ont retiré le
joug de leurs instincts pour porter celui de la Torah. Cela
est symbolisé par l’offrande du ‘Omer à Pessa’h, la gerbe
d’orge qui est l’aliment destiné au bétail :
« À leur sortie du pays des égyptiens, qui sont appelés des
ânes, Israël était comme eux dépourvu de mitzvot il n’était
apte qu’à la consommation d’aliments pour animaux, c’est-àdire de l’orge » (Maharsha sur Rosh Hashana 16a)
בצאתם ממצרים שנקראו חמורים והיו ישראל גם כן בלא מצות לא
היו ראוים רק למאכל בהמה שהן שעורים
À la sortie d’Égypte, les hébreux n’ont pu manger que de
la Matsa, appelée, dans la Torah :
« Le pain de la pauvreté… » (Devarim 16, 3)
לחם עני
Or, la pauvreté chez nos Sages n’est pas seulement liée
aux biens matériels de l’Homme :
« Il n’y a de pauvre que dans la connaissance » (Nédarim 41a)
אין עני אלא בדעה
L’individu, s’il ne possède pas la ‘connaissance’, est considéré comme un pauvre, quelle que soit sa richesse. En
sortant d’Égypte, les hébreux acceptèrent de se soumettre au Roi du Monde, mais, ils devaient franchir une
nouvelle étape, car le but d’Hashem est d’offrir à son
peuple la Connaissance absolue, c’est-à-dire la Torah,
afin qu’ils désirent se rapprocher et s’attacher à Lui.

5. Israël reçoit la Connaissance
Mais, pour recevoir la Torah, les hébreux devaient tout
d’abord se préparer, c’est-à-dire s’élever spirituellement,
au cours d’une marche, sous la protection d’Hashem, qui
les mena au pied du Sinaï. C’est là que les hébreux formèrent un peuple parfaitement uni :
« Israël campa là-bas… C’est là que tous fusionnèrent d’un
cœur unanime » (Mekhilta Massekhta Debahodesh 1)
‘ויחן שם ישראל’… כאן השוו כולם לב אחד
Le fidèle doit également se préparer entre les jours qui
séparent la fête de Pessa’h où l’on offre au temple le
‘Omer, la gerbe d’orge, de celle de Shavou’ot où l’on
apporte Deux Pains faits avec du blé. Ces jours doivent
permettre au fidèle de s’élever spirituellement, comme
ses ancêtres dans le désert, afin de se rendre apte à
recevoir la Torah, c’est-à-dire à quitter progressivement
son état d’animal pur soumis à son maître, pour atteindre les qualités de l’Homme, seule créature capable
de s’attacher à Hashem :
« Pour cette raison, la Torah dit : ‘Depuis la coupe de la faucille sur les tiges’, qui est la moisson de l’orge, l’aliment du
bétail, ‘tu compteras cinquante jours jusqu’à l’offrande des
Deux Pains’ faits avec du blé, l’aliment de l’homme, afin de
recevoir la Connaissance et la Sagesse de la Torah » (Maharsha sur Rosh Hashana 16a)
ע » כ אמר מהחל חרמש בקמה שהוא קציר שעורים מאכל בהמה
תספור נ’ יום עד הבאת ב’ הלחם שבאה מן החטין לקבל דעה
וחכמת התורה
Ainsi, l’offrande des deux pains de blé à Shavou’ot symbolise l’évolution du peuple juif et son aptitude à recevoir la Connaissance suprême : la Torah.

6. Savoir où l’on se situe
Pour éviter que la réception de la Torah à Shavou’ot soit
un événement comme un autre, il faut s’y préparer,
comme l’ont fait nos ancêtres après la Sortie d’Égypte.
Et même s’il est impensable d’atteindre le niveau qu’ils
atteignirent au moment du Don de la Torah, chaque
fidèle doit tenter de s’élever et, avant cela, il doit réfléchir au degré auquel il se situe. Est-il encore, comme cet
animal impur, soumis au joug de son Yetser Hara’, esclave en Égypte ? A-t-il atteint le niveau de l’animal pur,
prêt à suivre Hashem, comme les hébreux à Pessa’h,
mais dénué de connaissance ? Est-il parvenu au statut
d’Homme, apte à s’attacher à Hashem ? A-t-il produit
des fruits qui sont, comme le dit le midrash :
« Les mitzvot et les bonnes actions » (Bereshit Raba 30, 6)
מה הן פרֹותיו של צדיק מצוֹות ּומעשים טֹובים
Ou encore, est-il prêt, comme le Nazir, à consacrer sa
propre personne à Hashem ?

7. Devenir Nazir aujourd’hui
Même si aujourd’hui il n’est pas possible de devenir
Nazir, l’homme peut, malgré tout, choisir de résister à
ses désirs intérieurs et comme le Nazir, les offrir à Hashem. Il portera alors :
« La couronne de son D. sur sa tête » (Bamidbar 6,7)
נזר אלהיו על ראשו
Cette couronne (Nézer en hébreu) est une allusion au désir
de l’homme de se soumettre à la volonté du Roi du
Monde, car le Nazir a compris que prendre sur soi le
joug du Créateur est le seul moyen pour l’homme de se
libérer du Yetser Hara’ duquel il est prisonnier depuis sa
naissance. C’est pourquoi, il est écrit, au sujet des Tables
de la Loi :
« Les Tables étaient l’œuvre d’Hashem, et l’écrit était celui
d’Hashem, ‘gravé’ sur les Tables »
והלחת מעשה אלהים המה והמכתב מכתב אלהים הוא חרות על
הלחת
En jouant sur le mot ‘gravé’ (‘Harout) qui est de la même
racine que le mot ‘Liberté’ (‘Hérout), Le midrash révèle :
« Ne lit pas ‘graver’ mais ‘libérer’, Rabbi Yéhouda explique :
libéré de l’Ange de la Mort » (Vayikra Rabba 18, 3)
אל תקרא חרות אלא חירות… רבי יהודה אומר: חירות ממלאך המות
Qui est cet ange de la mort ? Le Talmud répond :
« Le Yetser Hara’ et l’Ange de la Mort ne font qu’un » (Baba Batra
76a)
הוא יצר הרע הוא מלאך המות

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