Ne pas transformer le moyen en but
Un regard juif sur l’existence par Yossef Aflalo
À la fin des temps, l’homme sera épargné de tout labeur, et vivra alors dans une dimension du monde où tout est déjà prêt. Le travail sera aboli, et il pourra ainsi se consacrer entièrement au spirituel.
Mais aujourd’hui, nous vivons dans le monde du tikoun, de la réparation de la faute d’Adam Harishone. Et nous sommes contraints d’agir, d’assurer notre subsistance au quotidien, et veiller à ce que tous nos actes soient conformes au but que nous devons atteindre.
À chaque instant de notre vie, nous devons nous demander : l’acte que je suis en train de réaliser justifie-t-il ma venue au monde ? En d’autres termes, le moyen qui est à ma disposition va-t-il atteindre son objectif ? Vais-je réussir ma vie, et réaliser le pourquoi de mon existence ?
Juste avant la destruction du Temple de Jérusalem, D.ieu envoya une vision au prophète Jérémie, lui montrant une marmite bouillonnante, dont la face était tournée vers le Nord. Cette marmite est un symbole très fort. Elle représente le tikoun de l’existence.
La marmite est le moyen permettant d’amener un aliment non-consommable à un état consommable. De le conduire à sa finalité.
L’écume du bouillonnement de la marmite symbolise les agissements de l’homme dans ce monde. Lorsque cette écume est tournée vers le Nord, le symbole du mal (du yétser hara, qui s’appelle tsefoni/le Nord), cela signifie que l’homme est sous l’emprise de son mauvais penchant, et utilise le moyen dont il dispose pour en faire un but ; l’objectif de sa vie.
Un homme est naturellement attiré par le gain. L’argent qui n’est que le moyen devient alors le but de l’existence. De même, lorsqu’on est happé par toutes les tentations de ce monde, on passe à côté de l’essentiel.
À côté de la raison pour laquelle D.ieu nous a créés.
Le but de l’existence n’est pas de construire une maison. Mais construire une maison est le seul moyen qui me permettra de réfléchir sur ma vie. De connaître D.ieu, et de me tourner vers les choses essentielles.
Lorsqu’on abandonne le but et que l’on sanctifie le moyen, on passe à côté de sa vie.